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Jean-Jacques Rausin, comédien et membre du jury du Waterloo Historical Film Festival

Publié le 12/11/2020 par Kevin Giraud et Oscar Medina / Catégorie: Entrevue

Du court-métrage à la série, du long-métrage à la web-série, Jean-Jacques Rausin est devenu un des acteurs incontournables de la dernière génération du cinéma belge. Magritte du meilleur acteur en 2017 avec Je me tue à le dire, rôle principal d'Ennemi public, l’homme n’en reste pas moins toujours à l’affut de nouveaux rôles atypiques, de nouveaux défis. Rencontre dans le cadre du Waterloo Historical Film Festival, où il fait partie du jury 2020.

Cinergie : Pouvez-vous nous résumer votre parcours en quelques mots ?

Jean-Jacques Rausin : Avant de débuter ma formation de comédien, j’ai fait des études de communication. Ensuite, en entrant à l’IAD, j’ai fait pas mal de théâtre, mais aussi noué des contacts avec les étudiants en réalisation. J’ai très vite compris que j’avais un goût particulier pour l’image, pour le jeu face caméra. À travers ces études, j’ai rencontré des gens qui sont devenus des potes, et que j’ai suivi du début jusqu’à aujourd’hui. Au fur et à mesure, ils ont fait leurs courts-métrages, ils sont passés aux longs-métrages, et quelques-uns me sont restés fidèles, donc c’est un peu comme ça que j’ai construit ma carrière, et mes différentes expériences.

C. : On a l'impression que vous êtes à l'aise avec tous les formats. Court-métrage, long-métrage, série, web-série, comment est-ce que vous appréhendez ces différents mode de faire du cinéma ?

J.J.R. : En fait, ce sont des styles variés, mais l’implication est toujours la même. Ce sont des personnages qu’on va défendre, avec la même curiosité, quelque soit le style de rôle qu’on vous offre, mais c’est vrai que les formes sont différentes. Une série par exemple Ennemi public qui s’étale sur dix épisodes, sur une saison, va poser des soucis de continuité tout au long du tournage. Comme la réalisation s’est faite en cross boarding (NDLR : plusieurs épisodes tournés en même temps), on devait pouvoir passer de la scène 30 de l’épisode 7, et enchaîner avec la scène 40 de l’épisode 1, donc il faut pouvoir tenir le rôle, il y a une grosse recherche à faire pour suivre le développement du personnage. Dans les courts-métrages, ou pour les longs-métrages, c’est un peu le même principe bien sûr, mais on est dans une autre énergie. Et enfin, dans le dernier projet que je viens de faire, une mini-série (NLDR : la série Une semaine sur deux - Fiction RTBF), là c’est vraiment des sketches, et c’est une toute autre dynamique, il faut garder la pêche, le rythme, c’est presque comme une transe, il faut réussir à ne pas se perdre...

C. : Entre tous ces personnages, tous ces rôles, comment opérez-vous votre sélection ? Quels sont les défis que vous recherchez ?

J.J.R. : Comme un bon nombre de comédiens, je pense que je cherche à être le plus caméléon possible, pour pouvoir essayer d’interpréter des personnages très divers. Il y a bien sûr des univers qui me parlent plus que d’autres, mais j’ai vraiment le sentiment que quand je passe d’un tournage à l’autre, ça me plaît et ce que je recherche, c’est de pouvoir vivre dans la peau de personnes très différentes, de redécouvrir un nouveau personnage, un nouvel univers.

C. : En parlant d’univers, on a dans Je me tue à le dire, où vous incarnez le personnage de Michel Peneud, un univers très fort, très marqué. Qu’est-ce qui vous a plu dans ce film ? 

J.J.R. : On a débuté nos parcours respectifs ensemble avec Xavier [Seron]. Moi en tant que comédien, lui en tant que réalisateur. Et dans tous les courts-métrages, puis dans ce long-métrage, c’est un peu comme si tous les personnages que j’ai interprétés étaient des cousins l’un de l’autre, une famille. Et lorsqu’on a tourné Je me tue à le dire, le personnage avait déjà été façonné par les autres, en quelque sorte. L’univers de Xavier, je l’avais déjà assimilé, je le connaissais bien, et je suis ravi car dans quelques mois, je repars avec lui pour son deuxième long-métrage.

C. : Est-ce qu’on pourrait dire que vous avez un faible pour les « losers » ?

J.J.R. : Je ne peux pas le cacher ! Les « losers magnifiques », c’est bien sûr une catégorie dans laquelle je me suis souvent retrouvé, mais c’est vrai que même quand je regarde des films, j’ai une vraie tendresse pour ce genre de personnages qui se révèlent au cours de l’œuvre. C’est tout ce côté « à côté de la plaque » qui m’intéresse en particulier.

C. : Qu'elle a été votre meilleure expérience face-caméra ?

J.J.R. : C’est difficile. Après, ça peut paraître bateau, mais les fous rires en tournage, c’est quelque chose que je trouve absolument délicieux. Ça peut arriver dans n’importe quel genre, dans n’importe quel style de tournage, même des films tragiques, et surtout ça peut se produire dans n’importe quel moment de la journée. Ça peut donner des moments magnifiques, parce qu’il y a une vraie connexion qui se crée avec le/la camarade de jeu. Ça va un peu au-delà, mais je crois que le plus jouissif, le plus extraordinaire, c’est de travailler avec d’autres acteurs, c’est l’échange qui se met en place. Quand on est sur un set, quand on entend « action! », on échange vraiment, et parfois ça en devient si intense qu’on en libère un fou-rire, avant de pouvoir remettre son « masque » de comédien, tellement c’est fort.

C. : Avec ces expériences face-caméra, est-ce que vous n'avez-vous pas envie un jour de passer vous-même derrière la caméra?

J.J.R. : Je le répète à chaque interview, mais oui ça va venir ! L’écriture, c’est une sorte d’urgence, à un moment donné il y a un déclic, et ça devient impératif. Je pense que beaucoup d’auteurs ont pris leur temps, et tout à coup les choses sont venues, donc je ne désespère pas et je reste attentif.

C. : On est au Waterloo Historical Film Festival ici, dont vous faites partie du jury, est ce que l'histoire au cinéma est quelque chose qui vous inspire ?

J.J.R. : Mes parents étaient des grands fans d’Histoire. Pas forcément cinéphiles, mais historiens, carrément, et je pense qu’ils m’ont transmis ce goût, cette soif de découverte dans les voyages qu’on a pu faire, et dans les guides Michelin qu’on a dévorés. Le goût de l’anecdote, et le goût du documentaire historique aussi, énormément. Quand j’ai annoncé à ma mère que je ferai partie du jury, elle était toute excitée ! Je découvre les films de cette sélection avec plaisir, et ma mère est très contente de ça.

C. : Quels sont vos projets à venir, et vos envies ?

J.J.R. : Début 2021, on tourne le premier long-métrage de Cédric Bourgeois, Ronald Krump, où j’interprète une ex-star du porno, dans une comédie déjantée. Et ensuite, on enchaîne au printemps avec Xavier et son deuxième long-métrage, qui s’intitulera Chienne de vie

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