Krak de Stan Lievens

En effet, difficile de ne pas frémir à la vision de cette œuvre troublante, définitivement à revoir à plusieurs reprises pour en saisir toutes les subtilités. Voire carrément l'absence de sens, si tel était le but d'un cinéaste clairement iconoclaste. Car quand se craquèle les convictions de réalité qui entourent le protagoniste, sa surface se fendille également, et nous voici emportés dans ses doutes et son inconscient, peuplé de rêves étranges. Est-on encore réellement une personne lorsque l'on n'est au final que l'enveloppe d'un autre être ? Des poissons deviennent alors narcissiques, tandis que d'une banane sort un homme, avant de lui-même n'être que la peau d'un autre être vivant. Un monde absurde où il faut se laisser porter par l'art, par la performance du personnage transposé en lignes et en traits mal assurés, faussement gauches.

Avec sa technique assez brute, le film happe le spectateur par son caractère hypnotisant, faussement enfantin. Et le public d'être, à l'image de celui du film, retourné par ces émotions diverses et contradictoires. Stan Lievens se joue de nous avec ses lignes brisées et ses ambiances malfaisantes. Pourtant, l'on peut avoir envie de rester longtemps dans ce monde étrange, dans cet univers désordonné et cependant envoûtant. Une œuvre atypique, sortie en droite ligne du KASK, et un réalisateur à suivre sans aucun doute.