L'Or Vert
S'il est aujourd'hui une évidence que les crises énergétiques et climatiques font la sève des bouleversements environnementaux, l'Or Vert préfère s'articuler en questionnement autour des causes de ces dérèglements. Sous la forme expectative, le dernier film de Sergio Ghizzardi a la beauté des espoirs intangibles.
L'Or Vert de Sergio Ghizzardi
Les premières secondes, formées d'images d'archives, semblent vouloir nous faire croire à la mise en place d'un film de science-fiction. Or, c'est bien dans une lourde réalité que s'ancre le film. La terre, vue d'en-haut, suit l'enfermement des embouteillages asphyxiants et c'est une bouffée d'air frais qui recentre le propos sur notre planète malmenée. Par cette introduction privées d'ambages, le film se déclare tout de suite engagé, comme un geste politique, dans la mesure ou toute vision de gestion mondiale est politique.
Alors, le sujet s'explique, se développe. Les énergies fossiles, de plus en plus impensables, doivent disparaître pour laisser place aux énergies renouvelables. Rien de bien novateur mais l'intérêt de l'Or Vert se tient bien loin de ce type de discours. Une fois les évidences posées, Sergio Ghizzardi démarre l'enquête. A travers le monde, il investigue sur ces agrocarburants si peu connus, pourtant longtemps tenus comme étant une solution majeure aux crises économiques, énergétiques et environnementales que traverse notre monde.
A travers des allers-retours entre les points de vues à l'échelle mondiale, sociétale et humaine des protagonistes, le documentariste belge démontre une certaine intelligence quant à sa façon de couvrir une belle partie de la problématique et d'offrir différentes accroches au spectateur. Dans cette même idée, il déplace son lot de questionnements dans ses voyages géographiques et les différents lieux et paysages qui s'offrent à lui.
Le schéma se déploie généralement dans cet ordre : sur chaque question soulevée, les biocarburants sont vus d'un point de vue mondial - sociétal - entrepreneurial - humain et universitaire.
Cette systématique tente de montrer comme le monde change et l'humain avec (ou contre) lui.
En témoin toujours subjectif qu'est un cinéaste, Ghizzardi ose finir le traitement du sujet par un regard antiseptique sur le cynisme d'une société à genoux devant un capitalisme forcené quitte à jouer Tartuffe face à la dangerosité de cette révolution prétendument miraculeuse que sont les agrocarburants. Arriver au point où aucun changement d'un point de vue sociétal ne semble avoir été réellement envisagé, alors même que des aggravations écologiques sont relevées, démontre bien l’ignominie du système économique et écologique dans lesquels notre monde semble bien embourbé. Le spectateur, alors devenu bel observateur de la planète par le prisme du regard documentaire, ne peut que se lier à la vision du cinéaste. Alarmé mais jamais totalement désabusé, il semble nous sommer d'avoir peur mais que cela nous pousse à réfléchir et, espérons-le, à changer.