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Le Festival Courts Mais Trash

Publié le 15/01/2019 par David Hainaut / Catégorie: Événement

Rencontre avec François Marache, créateur du Festival Courts Mais Trash 

Le Festival Courts Mais Trash, un événement qui s'élargit
Créé presque par hasard en 2005, à Bruxelles, le Festival Courts Mais Trash, dédié aux films indépendants a su, avec le temps, se faire une place dans le riche paysage belge des festivals, attirant dans son habituel lieu - le Théâtre des Riches-Claires - jusqu'à 2300 personnes l'an dernier.
Cette année, l'événement se tenant du 16 au 20 janvier, s'élargit, puisque ses 14 séances s'étaleront désormais avec le Cinéma Palace, situé à deux pas de son fief historique. François Marache, son initiateur, évoque ce festival atypique, convivial et décalé.

Cinergie: À l'aube de cette 14e édition, comment allez-vous ?
François Marache: Stressé, comme toujours, en cette période. Mais on pense que les gens seront fidèles, au rendez-vous, car le bouche-à-oreille fait son effet. Chaque année, on compte de plus en plus de spectateurs. On va maintenant voir si le public se répartit bien entre les Riches-Claires et le Palace. Mais ce deuxième lieu était devenu vital, cela devenait compliqué de gérer l'afflux. Il nous fallait «désengorger» les Riches-Claires.

C. : Un rappel s'impose presque : quand et d'où vous est venue l'idée de lancer ce festival ?
F.M. : Le Courts Mais Trash a commencé le 1er avril 2005. À l'époque, j'avais réalisé un court-métrage sur les fans de la chanteuse Nana Mouskouri (NDLR: Nana ! Again). C'était le moment où on commençait à faire des films sur ordinateur. Un ami m'a alors proposé de le montrer dans la salle des Riches-Claires, mais j'avais envie de profiter de l'occasion pour en diffuser d'autres. Comme ça a directement ramené du monde, j'ai relancé l'idée tous les trois mois. Une équipe s'est constituée bénévolement, puis un site internet s'est créé, jusqu'à la naissance d'une ASBL. On a ensuite imaginé un festival de trois jours, puis de quatre, de cinq... Et on a opté pour janvier, car ce mois est creux en festivals et assez calme dans ce théâtre à ce moment-là. Tout s'est donc improvisé petit à petit, jusqu'à prendre l'ampleur actuelle. On a une équipe motivée et soudée de 35 passionnés, les postes allant de sous-titreur à directeur technique, en passant par une personne pour la presse, une pour l'accueil des invités étrangers, etc...

C. : ... et contrairement à ce qu'indique le nom de votre festival, tout n'y est pas forcément trash...
F.M.: Non ! On a simplement utilisé ce jeu de mots parce qu'il était accrocheur et facile à retenir. C'est plutôt un festival de films autoproduits - sans budget - et fabriqués en marge de la production classique. En gros, des films un peu «mis de côté» et moins valorisés. Et comme de nos jours, c'est encore plus facile de faire un film sans argent, on en reçoit forcément de plus en plus !

C. : Qui dit plus de choix de films, dit plus de qualité, de public, de presse et donc ... de soutiens ?
F.M. : Oui, grâce aux bons échos du public, un engouement s'est créé, la presse s'intéresse plus à nous. Notre couverture s'étend, même en Flandre depuis quelques temps, et cela intéresse plus de partenaires. Grâce à notre travail je pense, on est pris plus au sérieux qu'avant. Puis, même si on est tous bénévoles et qu'on fait ça en plus de nos heures de boulot, on essaie d'être professionnels dans l'organisation. On reste un festival de niche, mais on a notre créneau, notre identité et notre particularité. Et nous ne sommes en concurrence avec personne d'autre...

C. : Sur les 2000 films que vous avez reçus de 80 pays, une centaine se retrouve au final de votre programmation...
F.M. : Oui, et nous accueillons une quarantaine de réalisateurs venus du monde entier. Même une réalisatrice d'Arabie Saoudite, cette fois ! Les films sont scindés en 14 séances, avec une compétition nationale et une internationale. Depuis l'an dernier, on a aussi une catégorie de «Films fauchés», faits parfois avec zéro euro ! Des réalisateurs font même des films juste pour le festival. En parallèle, on garde les «Courts Mais Super Sex», où on retrouve des comédies, des films engagés ou politiques autour du thème de la sexualité, pour lesquels on distribue des préservatifs. Mais ce ne sont pas juste des films cochons, je précise ! Le samedi, on a aussi les «Courts Mais Super Trash», un classique qui marche très bien où là, on a vraiment des films choquants, gores et violents. Et j'ajoute qu'on a aussi un focus «Cinéma belge» et un autre, «Female Trouble», consacré aux réalisatrices.

C. : Il y en a donc pour tous les goûts...
F.M. : Comme chaque séance comprend plusieurs courts, toute personne un peu curieuse peut trouver son intérêt quelque part. Le public est diversifié. On a des étudiants en cinéma, des gens qui aiment le décalé ou l'humour, d'autres qui ont envie de sortir de leur zone de confort et être surpris. Puis nous, ce qu'on aime à Courts Mais Trash, c'est que les gens communiquent entre eux et échangent en toute convivialité et dans la simplicité. Il n'y a par exemple ni jurés ni VIP ici, et je présente moi-même les séances en improvisant. Tout le monde se trouve au même niveau. Et si le festival est d'abord créatif, drôle et original, on peut tout à fait y parler de choses sérieuses... sans jamais se prendre au sérieux !

C. : Qu'auriez-vous encore envie de faire évoluer, à Courts Mais Trash ?
F.M. : Cette année, on innove déjà en développant une partie musicale, avec des concerts après les projections. Pour plus tard, on réfléchit à décliner l'événement en «Long mais Trash», car il y a matière. Je rappelle aussi que le restant de l'année, on montre nos films dans des festivals de musique, à Bruxelles ou même à Paris, tout en participant à des cartes blanches dans d'autres festivals, comme au Festival du Film Fantastique ou au Festival du Court-Métrage. Avec Celia Pouzet, la programmatrice, nous sommes de plus en plus souvent invités à l'étranger. Et c'est toujours intéressant de voir ce qui se passe ailleurs, pour améliorer notre festival, le professionnaliser toujours plus...

C. : Organisateur de festival tout en étant en parallèle monteur à la RTBF, c'est une double-casquette peu commune, non ?
F.M. : Peut-être (sourire)! Ayant étudié le montage à l'INSAS, je suis en effet monteur pendant l'année sur la chaîne publique, pour toutes sortes d'émissions télévisées. Je fais ça de façon intermittente. En gros, quand je suis à Bruxelles, je travaille à Reyers, et quand je voyage, je songe à la préparation du festival. Et je me retrouve assez bien dans cette double-activité !

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