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Le réveil de Marc-Henri Wajnberg

Publié le 20/12/2017 / Catégorie: Critique

 Un sacré train de vie

Un plan-séquence décoiffé et décoiffant s'ouvre comme on ouvre des yeux ensommeillés et fait défiler une série de stratagèmes de réveil plus farfelus les uns que les autres. Au saut du lit, attiré par l'odeur du café, secoué, agressé, le dormeur parcourt son chemin matinal – sa routine – dans une maison toute mécanisée à la manière d'un train électrique, vivante et assassine qui, à tout instant, menace de l'ébouillanter, l'assommer, l'écraser, l'embrocher...
Le réveil est vital et le café a un goût d'urgence pour notre bâilleur traînard, qui répond au doux nom de Robert. Au bout du périlleux parcours, le but ultime de la démarche, à savoir la fermeture de la barrière du passage à niveau. Nos encouragements fusent : Allez Robert, tu peux le faire !

Jean-Claude Dreyfus dans Le Réveil

 

Nous comprenons pourquoi ce court-métrage a été primé une petite vingtaine de fois. Avec un Jean-Claude Dreyfus tordant, des mécanismes impressionnants et une bande son qui fonctionne bien, le Réveil a en effet tout pour plaire. Et si d'aventure nous étions surpris en train de bâiller à gorge déployée lors de la projection, ce serait uniquement dû au caractère contagieux des bâillements de ce cher Robert. Aussi, à l'offre d'un peu d'aide pour se lever, nous nous empresserions de répondre, les mains en l'air, une expression apeurée sur nos visages blêmes : non non sans façon, nous ça va, on est debout !

Une petite question cependant nous taraude : pourquoi la seule chose – oui la seule ! – que Robert ne pense pas à automatiser est cette foutue barrière ? À méditer... ou pas.

Livia Orban

 

 

 

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