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Mirano 80, l’espace d’un rêve - Luc Jabon & Thomas Purcaro Decaro

Publié le 20/09/2021 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

Avant eux, il n'y avait rien. Ou au moins rien de pareil, selon les mots de Paul Sterck, fondateur en 1981 de cette discothèque mythique bruxelloise des années 80, le Mirano Continental. Directement inspiré des grandes boîtes parisiennes et new-yorkaises de la même époque, ce club deviendra rapidement incontournable dans le monde de la nuit. Après quarante ans d'existence, les réalisateurs Luc Jabon et Thomas Purcaro Decaro reviennent sur la période phare de ce lieu hors du commun, un monde de tous les possibles. Et pouvait-il en être autrement, avec l'héritage porté par le Mirano? 

Mirano 80, l’espace d’un rêve - Luc Jabon & Thomas Purcaro Decaro

Cinéma jusqu'en 1978, la salle qui hébergera le club va conserver son caractère lors de la réaffectation du lieu. Et ce, grâce à l'inventivité de l'équipe créative de l'époque, attachée à honorer ce bâtiment chargé d'histoire.

Ce sont ces mêmes personnes qui constituent les principaux protagonistes du documentaire. Chacun à leur manière, du fondateur à la dame de cour en passant par les barmen, les directeurs artistiques et les régisseurs, ils ont contribué à donner son unicité au Mirano Continental. À défaut de pouvoir nous faire vivre cette histoire aujourd'hui "révolue", les réalisateurs ont dépouillé une quantité impressionnante d'archives vidéos, sonores, d'affiches, de dessins. Des images, des croquis ou des portraits qui prennent vie sous la parole des directeurs créatifs, chorégraphes et metteurs en scène.

Ce que l'on ressent dès les premières notes de ce récit choral, c'est l'envie partagée par toutes et tous de nous faire entrer dans leur univers. Pour eux, le monde de la nuit est un espace de création infini, où chaque rencontre peut donner lieu à de nouvelles idées, faire naître de nouveaux talents. En mêlant danse, musique, mode, concerts et spectacles, et en s'ouvrant aux nombreuses communautés en recherche de libertés dans les années 80, l'équipe du Mirano a emporté des dizaines de milliers de fans dans le tourbillon d'une époque du glamour, de l'extravagance et de l'audace.

Une grande famille qui semble accueillir le public comme elle accueillait les clubbers et clubbeuses à l'époque, à bras ouverts.

Pour autant, cette série de témoignages ne dénigre pas les réalités d'un club, ou ses modes de fonctionnement. C'est ainsi que l'on découvrira, au détour des entretiens, les secrets et les techniques utilisés par ces fins marketeurs pour conquérir et contenter toust le monde. En faisant, au passage, main basse sur les grandes stars de l'époque. Depeche Mode, Maceo Parker, les 6 d'Anvers, autant de personnalités qui ont foulé les planches du Mirano avant que le temps ne rattrape cette boîte qui, des mots de son fondateur, "a opéré trop tard le virage de la house".

Après ça, que reste-t-il ? Les cinéastes ne s'en encombrent pas. Car comme une de ces soirées inoubliables du Mirano, il vaut mieux ne parler que du meilleur et terminer en beauté. Aussi, parce que l'âge d'or du Mirano était sans doute à aller chercher dans cette décennie qui explosait les codes et les frontières, avant la "claque SIDA". Charge donc au curieux d'aller se pencher sur l'histoire récente de cette boîte résiliente, qui rouvrira le 1er octobre après plus d'un an de fermeture.

Ce que l'on retire du film, c'est avant tout une furieuse envie de danser. Et sans doute beaucoup de nostalgie pour ceux qui ont connu cette époque. Est-elle révolue pour autant ? Mirano 80 nous laisse en tout cas avec une envie d'aller plus loin, de quitter les sentiers battus. De s'ouvrir à la création, aux créateurs et créatrices de tous horizons, et de se laisser émerveiller à nouveau. Juste le temps d'une nuit, juste l'espace d'un rêve.

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