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Portrait de Benoît Lamy

Publié le 01/10/2000 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Portrait

Le cocktail Benoît Lamy : un mélange de coup de cœur (pour lui l'émotion est une vertu) et de provocation spontanée. Son talent : la sincérité. Réalisateur, producteur, président du CBA, il taille un costume aux certitudes formatées de langue de bois. Tenace, il jette rarement l'éponge. Tout petit, à Arlon, où il est né, son premier choc cinématographique a lieu en découvrant les dessins animés qu'il va voir avec ses trois frères.

Portrait de Benoît Lamy

Le cocktail Benoît Lamy : un mélange de coup de cœur (pour lui l'émotion est une vertu) et de provocation spontanée. Son talent : la sincérité. Réalisateur, producteur, président du CBA, il taille un costume aux certitudes formatées de langue de bois. Tenace, il jette rarement l'éponge. Tout petit, à Arlon, où il est né, son premier choc cinématographique a lieu en découvrant les dessins animés qu'il va voir avec ses trois frères.

Maman au milieu, les gamins de part et d'autre, qui  nous commentait les films, un peu comme une voice over- tiens c'est vrai, ma mère était une voice over - , elle commentait bien que les films aient été doublés en français. Et je la sentais vibrer, parce qu'elle était peut-être un peu comédienne, avec les personnages, Blanche Neige et les sept nains.
Pour éviter qu'on ne pleure, elle nous disait parfois ce qui allait se passer. Elle nous posait des questions du genre comment pensez-vous que Prof va réagir ? On essayait d'être les premiers à lui répondre.

Fort de cette expérience, Benoît Lamy se dit que le cinéma est un art où l'on peut être actif, pas seulement passif. Il décèle aussi que c'est un art de maîtriser le temps ("le temps ou mieux, le tempo, est chez moi quelque chose de capital").

A onze ans, il se procure une caméra 8 mm et réalise un document où il filme une région qui borde Arlon à l'envers sur une bande son tonitruante qui était plus importante que l'image ("ras-le-bol de voir les choses comme on les voit habituellement !").

Ensuite ce sont quantité de bandes comiques qu'il réalise avec ses copains de classe : "Je me rends compte que je n'ai jamais réussi à prendre le cinéma au sérieux. Ce qui me plaisait autant que faire le film, c'était prévoir comment serait perçue émotivement par quelqu'un tel telle ou telle scène. Donc cette relation triangulaire acteur/ réalisateur/spectateur doit être présente sur le plateau".


Après des études de réalisation à l'IAD, il réalise Home Sweet Home en 1972, son premier long métrage de fiction, qui récolte quatorze prix internationaux. Cinq ans plus tard, c'est Jambon d'Ardenne. "Un grand cadreur n'est pas un type amorphe qui met de belles images dans un cadre doré. Michel Baudour veut que l'émotion soit vraie. Dans le plan final de Jambon d'Ardenne, Annie Girardot, revenant dans la cuisine dévastée, est accueillie par la merveilleuse Lulu, se réfugie dans son giron et, la sentant pleurer, pleure également. Ce n'était pas prévu. On s'est rendu compte que le moment était magique. Michel a continué à tourner, il n'a pas arrêté la caméra, a saisi le tempo de la scène. Puis arrêt de bobine. Annie se lève et je vois Michel l'œil collé à l'œilleton, il pleurait et par pudeur il n'osait pas le montrer ! "

En 1987, il co-réalise La vie est belle avec Mweze N'gangura. Après Ougadoudou (1993), il met en scène Combat de fauves.

"J'avais une saveur gustative après une scène de la séquence où Ute Lemper invective Borhinger en lui disant qu'il est un médiocre, qu'il vit dans le sens des flèches etc., qu'on a écrite Gabrielle Borile et moi, je pensais à mon ex-épouse, Bonbon Lamy, sachant qu'elle allait se marrer, qu'elle allait avoir sa revanche et que j'allais la lui offrir, et donc j'y été à fond la caisse."

Comme réalisateur, il a un projet qui lui tient à cœur, qui se passe à Barcelone et qui s'appellera Dieu le père et Dieu le fils.

"J'en suis au stade de l'écriture pour découvrir une assise émotive entre ce père et ce fils".

Comme producteur, il va monter le prochain film de Nouri Bouzid dont le scénario l'a emballé au point de l'avoir lu d'une traite, et Sioux Song de Jean Baudin, un film canadien, qui en est actuellement au stade de la réécriture.

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