“Le Destin n’est pas la mort. Il est fait de tout ce qui impose à l’homme la conscience de sa condition” écrit Malraux dans la Condition humaine.
Rien n’est plus adapté pour illustrer l’exercice esthético-réflexif que nous propose la réalisatrice grecque Eirini Vianelli, dans son court-métrage d’animation en stop motion, Ready.
Ready de Eirini Vianelli
Dans ce film de 11 minutes, le Destin se fait ennui… Et de l’ennui, naît la comédie ! Face à leurs existences mornes et sans sens, les employés du Parlement grec, qu’ils disposent d’un mandat d’élu ou non, commencent à se complaire dans des jeux de pouvoir et même de “micro-pouvoirs”. Des comportements de compétition qui visent à asseoir son autorité ou son empreinte sur des domaines spécifiques, et ce, aux dépens des autres. À celui qui fera le plus de bruit dans les toilettes du Parlement par exemple, ou à celui qui, à l’accueil, bloquera en l’air le fauteuil de son voisin. Au sein de ce Parlement fantoche apparaissent bientôt des rapports de forces, des rivalités autour de sujets qui n’ont aucune forme d’importance si ce n’est de remplir des vies vides : l’absurde s'installe entraînant dans sa suite, le dépassement des normes sociales, la perte totale de contrôle et de fait une libération des voix et une ouverture des corps de ces fonctionnaires à leurs désirs et à leur liberté.
Loin d’être une néophyte, Eirini Vianelli, jeune réalisatrice grecque déjà qualifiée aux Oscars en 2018 et ornée des lauriers du Prix du meilleur court-métrage à San Francisco, inscrit profondément son travail dans le Greek Weird Wave. Cette école d’auteurs grecs qui, même s’ils ne s’en revendiquent pas, exorcisent la crise de leur pays en injectant du surréalisme dans des films aux thématiques sociales. Profond. Dément. Drôle !