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Rencontre avec François Stassens, Account Manager Audiovisuel à la SABAM, Société belge des auteurs, compositeurs et éditeurs

Publié le 14/12/2018 par David Hainaut / Catégorie: Entrevue

« Les Sabam Awards ont aussi été créé à la demande du secteur »
Ce lundi 17 décembre se tient la 6e édition des Sabam Awards, qui décernent seize prix dont deux au cinéma, dans les catégorie du court et du long-métrage.
Rencontre avec François Stassens, qui œuvre à l'organisation de cet événement se déroulant à Bruxelles - dans la salle de La Madeleine - et évoque son rôle dans la société de droits d'auteur, où il est arrivé il y a 14 ans.

Cinergie : En cette fin d'année 2018, comment s'organise votre emploi du temps ?
François Stassens : À côté de la mise en place de ces Sabam Awards, qui nécessitent pas mal d'implication, nous venons d'être partenaires du Festival Are You Series, qui se tenait à Bozar et où nous décernions le Prix du Meilleur Pitching. Et cet événement ayant présenté en avant-première la deuxième saison d'Ennemi Public, il était bon de m'y rendre pour rencontrer les nombreux scénaristes et réalisateurs belges présents à cette occasion, puisque ce foisonnement autour des séries fait tout simplement partie de l'actualité...

 

C. : C'est pour effectuer un travail de relations publiques qu'on vous voit si régulièrement dans les événements cinématographiques belges ?
F.S. : Oui, et aussi car nous aidons la plupart des festivals audiovisuels belges. J'ai de mon côté en charge la partie francophone, pendant qu'une collègue, Marleen Francois, s'occupe de la partie néerlandophone. Par aide, nous voulons dire des subventions, mais aussi des participations à des ateliers, des cocktails, des remises de prix, des soutiens structurels ou des workshop. 2019 se présage déjà pour nous, avec les Festival Court Mais Trash et Anima de Bruxelles, et en avril, le Brussels Short Film Festival. Tout cela correspond à notre objectif de montrer à nos membres que nous sommes actifs et présents sur le terrain. Pour les soutenir bien sûr, mais aussi répondre à leurs nombreuses questions sur les droits d'auteur en général.

 

C. : Près de 3500 auteurs, compositeurs, scénaristes et réalisateurs sont membres. Ce nombre évolue-t-il encore ?
F.T. : Oui, car en plus du travail effectué sur le terrain, une certaine fidélisation se crée avec le temps. En connaissant bien nos membres, ils se sentent plus en confiance et on collabore plus facilement. Des membres qui, je le précise, paient une inscription - à vie - de 31 euros, avec 75 de frais de dossiers. Ce montant englobe le traitement et la répartition des droits d’auteur en cas de diffusions, des services juridiques, mais aussi des organisations de réception, des avant-premières ou des master-class autour de leur film. Et leur offre encore aussi la possibilité d'obtenir des bourses de développement ou un suivi de leur film en festival.

 

C. : Pour eux, on le devine, c'est donc important de faire partie d'une société comme la vôtre...
F.S. : C'est sûr, bien que certains auteurs, parfois distraits, passent encore à côté. Or, quand on est indépendant, sans société, on n'a tout simplement pas de rentrées en droits d'auteur. L'intérêt de s'inscrire est évident, ne fut-ce que pour bénéficier de droits à chaque diffusion de son œuvre dans le cercle public, en télévision – qui reste toujours la principale rémunération -, en radio, en VOD et de plus en plus sur internet. Notre travail est donc de centraliser ces droits et d'en coordonner le suivi, également avec nos sociétés-sœurs à travers le monde, un auteur belge pouvant naturellement percevoir des droits depuis l'étranger. Enfin, on est aussi là pour sensibiliser les auteurs, en leur expliquant parfois que si la Sabam doit percevoir des droits qui peuvent parfois paraître impopulaires, que ce soit dans un café ou via une chaîne de télé, c'est surtout pour leur permettre de bénéficier des revenus qui leur sont logiquement dédiés...

 

C. : Quels seraient vos membres les plus emblématiques ?
F.S. : En cinéma, on pourrait par exemple citer François Damiens, Boris Lehman, Guillaume Senez, Ben Stassen... Ce dernier figure d'ailleurs avec son films Big Foot Junior - coréalisé avec Jérémie Degruson - parmi les 4 nommés de ces Sabam Awards pour le meilleur long-métrage, comme le duo Pascal Colson/ Thierry Michel (Les Enfants du Hasard), Olivier Jourdain (L'eau sacrée) et Samuel Tilman (Une Part d'Ombre). En courts-métrages, les heureux élus sont Cédric Bourgois (You're Lost Little Girl), Julien Dykmans (La valse mécanique), le tandem Bérangère McNeese/ Guillaume de Ginestel (Les Corps Purs) et Sébastien Petretti (Make Aliens Dance). Deux catégories qui regroupent tous les genres en cinéma et pour lesquelles nous avons sollicité des jurys externes composés de professionnels sans lien avec la Sabam, histoire de garantir le maximum de neutralité.

 

C. : Pourquoi avoir créé ces Sabam Awards, finalement ?
F.S. : Précisément car ces prix mettent en valeur les répertoires des différentes disciplines que nous représentons. Le cinéma - dont je m’occupe - mais également les arts visuels, la littérature, la musique et le théâtre qui sont également concernés. Il y a aussi une demande générale du secteur de pouvoir se réunir, ce que nous faisons donc tous les deux ans, ces Sabam Awards étant néerlandophones une année, francophones une autre, comme cette fois. La salle de La Madeleine, où nous accueillerons 375 personnes du milieu, succède ainsi au Manège de Mons (2014) et au Wolubilis de Bruxelles (2016). Comme jusqu'ici, on a toujours eu de bons retours, cela nous encourage à poursuivre...

 

C. : … en marge d'une certaine évolution du paysage belge ?
F.S. : Oui, chacun l'aura remarqué, pas mal de choses changent, en ce moment. On a l'impression que le secteur francophone calque un peu son modèle sur le néerlandophone. Ce qui se passe autour des séries est la grande nouveauté. Certaines fonctionnent mieux que d'autres, mais cela fait surtout vivre un secteur et travailler pas mal de gens. Et puis, on voit dans le cinéma belge de plus en plus de variations de thèmes, des films indépendants aux thrillers, en passant par des animations et même parfois des blockbusters. Tout ça est important, me semble-t-il...

 

C. : À titre personnel, qu'est-ce qui vous motive, dans ce travail ?
F.S. : Disons que j'ai toujours été attiré par le domaine culturel. Quand je suis arrivé à la Sabam il y a 14 ans, c'était parce que j'aimais surtout la musique. Comme une place en audiovisuel s'est dégagée et que j'étais cinéphile, j'y ai en quelque sorte plongé pour développer cette autre passion. Tout simplement...

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