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Soft Leaves (2025), de Miwako van Weyenberg

Publié le 19/03/2025 par Malko Douglas Tolley / Catégorie: Critique

Avec Soft Leaves, Miwako van Weyenberg livre un premier long-métrage poétique, inspiré par l’art subtil du non-dit, ou Haragei (腹芸), profondément ancré dans la culture japonaise. À travers une mise en scène délicate et des personnages finement interprétés, le film explore avec grâce la fragilité de la vie et l’écho silencieux de nos choix.

Soft Leaves (2025), de Miwako van Weyenberg

Le concept de "Cinéma Kanso", qui valorise l'épure et la sobriété, trouve un écho particulier dans Soft Leaves. Miwako van Weyenberg adopte une approche minimaliste en écartant tout superflu, concentrant l’attention sur l’essentiel pour laisser l’émotion émerger à travers les silences et les gestes. Chaque dialogue est précis, chaque regard chargé d’une intensité qui transcende les mots. Cette maîtrise du minimalisme narratif donne au film une force unique, où l’espace vide devient un vecteur puissant d’émotion et de réflexion, permettant à l’histoire de résonner au-delà de l'écran.

Lill Berteloot, dans son rôle de Yuna, incarne cette approche avec une finesse remarquable. Son jeu, subtil et retenu, confère à son personnage une profondeur saisissante, chaque regard et chaque silence devenant une porte ouverte à l'interprétation.

Cette capacité à transmettre une richesse émotionnelle sans artifice se mêle parfaitement à la démarche de la réalisatrice, qui préfère l'introspection à l'explication. Soft Leaves se transforme ainsi en une expérience cinématographique qui invite à la contemplation, tout en laissant place à la réflexion personnelle.

Dans le film, la passion de la petite Yuna pour les oiseaux, en particulier le traquet, devient une métaphore de sa quête de liberté face aux obligations familiales et culturelles. Tout comme le traquet, libre de voler et de tracer sa propre route une fois libéré, Yuna aspire à se libérer des attentes qui pèsent sur elle. L'observation des oiseaux, symboles de liberté, devient un moyen pour elle de se reconnecter à sa propre identité et de rêver d'un monde où elle pourrait s'émanciper des contraintes qui la limitent.

Geert Van Rampelberg incarne un père marqué par un drame personnel, apportant à son personnage une profondeur sobre et efficace. Masako Tomita, dans le rôle de la mère japonaise, met en lumière le contraste entre les cultures nipponne et occidentale, capturant avec subtilité la tension qui en découle. Kaito Defoort, quant à lui, enrichit l’intrigue par une présence discrète, mais significative, équilibrant l’ensemble avec justesse. Ces trois performances soutiennent la simplicité et l’intensité émotionnelle du film.

La jeune Otoka, interprétée avec une grande sincérité par Sara Hamasaki, se distingue par sa candeur. Son jeu naturel, marqué par l’innocence, s'harmonise parfaitement avec celui de Lill Berteloot, créant une complicité touchante qui ajoute une dimension émotive forte à l’histoire.

Ce portrait émouvant d'une jeune fille en quête de ses origines, confrontée à un drame familial, se déploie comme une véritable ode à l'introspection et à l'humanité. La profondeur des émotions exprimées à travers ses dilemmes et ses recherches de sens invite le spectateur à réfléchir sur les liens qui façonnent notre identité et l'impact des épreuves sur nos vies.

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