Waterloo La mémoire fertile
L'intérêt de Waterloo, le deuxième film d'Hugues Lanneau, est de s'intéresser à cinq personnages de fiction qui ont participé comme soldats à cette bataille sanglante du 18 juin 1815. De les filmer de très près dans la boue, le sang, la lumière, la pluie, l'obscurité et dans ce face à face que les armes de l'époque exigeaient pour frapper un adversaire de plus en plus invisible à cause du brouillard provoqué par l'explosion des obus de l'artillerie. Un brouillard tel, que les drapeaux de chaque camp devaient être montrés pour savoir qui était l'adversaire et éviter de tuer ses frères d'armes. Les plans larges sont des extraits des deux films de fiction réalisés il y a plus de quarante ans, un en noir et blanc, celui de Karl Grune et l'autre, en couleurs, celui de Sergueï Bondarchuk. Différents angles autour d'entretiens avec quatre historiens analysent un événement qui a changé l'Europe. Le carton final nous explique que l'Europe a vécu 20 ans de paix après Waterloo. Il est permis d'ajouter que le cycle historique est plus complexe… Le congrès de Vienne conclu autour du chancelier Metternich, organise le retour du pouvoir royal et la domination de l'aristocratie de l'ancien régime. Ce qui n'est pas montré – et qui n'est pas le sujet du film – est ce qui a permis à Napoléon Bonaparte de sortir de sa Corse natale. C'est la première guerre que les pays défenseurs du système monarchique ont lancée contre la jeune république française qui venait de renverser Louis XVI et qui prônait Liberté-Egalité-Fraternité. Bonaparte va succéder à Dumouriez – et Kellerman qui battent à Valmy, en 1892, une armée de coalisés qui espéraient remettre au pouvoir la royauté des Bourbons. Ensuite, Napoléon va exporter la Révolution française dans toute l'Europe comme l'espère au début Emmanuel Kant, digne successeur de Rousseau et Voltaire, laudateurs de l'Aufklarung, (le Siècle des Lumières) qui ont préparé la chute de l'ancien régime par leurs écrits (1).
Waterloo va permettre un débat qui va au-delà du pacifisme et de la guerre, comme « simple continuation de la politique par d'autres moyens », selon Carl Von Clauzewitz. Bref, cela alimentera les débats entre les spectateurs et les étudiants dans les écoles où l'Histoire est de moins en moins enseignée.