L'autel des pères
Fils Perdus
Bunker Paradise n'est pas un film facile à identifier. Pas vraiment un divertissement léger, pas du tout un film de genre, en aucun cas un "teenage movie", c'est un objet plutôt insolite et hybride. Nourri de littérature et de cinéphilie, il mélange les tons et les genres, part de la chronique réaliste pour rejoindre la parabole, prend des allures tantôt langoureuses et lascives, tantôt crispantes et ténébreuses, et des chemins de traverses, comme ces apartés au Japon, où l'errance d'un enfant au sabre troue de lumières les insomnies d'une jeunesse dorée et terne, le sujet central du film. Autour de la figure de John Deveau, jeune homme riche, pourri d'arrogance et de désespoir, régent cynique d'un petit monde ivre de lui-même et sans appétence, Bunker Paradise filme un microcosme en perdition. Imbibée d'ennui mélancolique, figée dans un temps immobile, cette petite cour va finalement éclater lorsqu'un élément étranger - le beau Mimo, corrompu à son tour - va s'y infiltrer et accélérer le processus de décomposition qui infectait silencieusement son organisme.