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Chaque jour est un jour du mois d'Août de Nathalie André

Publié le 01/06/2003 par Marceau Verhaeghe / Catégorie: Critique

A la recherche du temps perdu


Chaque jour est un jour du mois d'Août de Nathalie André

 

Un appartement inoccupé qui, doucement, tombe en ruines. La caméra musarde, s'attarde sur les détails du papier peint maculé, des tapis à moitié arrachés. Elle joue avec les taches de soleil, les couleurs, les ombres. Soudain une voix se fait entendre. Un squatter? Plutôt un esprit, un fantôme, une réminiscence du passé. On le sent, il s'est passé ici quelque chose d'inhabituel, de vaguement effrayant. Par flash-backs presque stroboscopiques, on replonge des années en arrière. Un couple heureux, une vieille dame, une petite vie tranquille. La voix cherche à se rappeler. Il y a la chaleur ensoleillée de l'été, une nervosité palpable. Bonheur? Dispute? Les flashes se font plus long, plus précis. Un certain jour d'Août. Des choses qui ont bloqué le cours de la mémoire. La voix doit savoir, il faut qu'elle se rappelle...

 

Réminiscence, remords, influence du temps qui passe sont donc au centre du difficile court-métrage de Nathalie André. Difficile, car Chaque jour est un jour du mois d'août ne se déroule pas selon un schéma narratif classique. La caméra subjective nous promène longuement dans des espaces quasiment vides, avec pour seule compagne une voix off. De belles images léchées de ce gourbi pourissant accentuent encore l'impression d'étrangeté. Seuls les flash-backs porteurs de fragments d'histoire nourissent notre imaginaire en liberté. Pièce par pièce, nous découvrons les éléments du puzzle, et quand à la fin, on découvre la vérité, on comprend le malaise, la peur diffuse qui imprègnent le film depuis son début. Et au delà du thème légèrement glauque, on prend conscience du cheminement dans lequel la cinéaste nous a guidé, tirant parti de l'étonnant pouvoir d'évocation des images pour travailler nos sensations, nos émotions avec beaucoup de maîtrise.

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