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Deux portraits d'artistes en atelier

Publié le 23/05/2018 par Nastasja Caneve / Catégorie: Événement

Le 7 juin prochain, de 12h00 à 14h00 au PointCulture de Bruxelles, Cinergie, Psymages et PointCulture proposent un deuxième cycle des Midis d'Images mentales parallèlement aux Rencontres Images Mentales. Une occasion de redécouvrir le film de la jeune réalisatrice Lou Colpé, Jackson, Je sautér pala fenètre réalisé au sein de l'atelier artistique du Centre Sésame, centre de jour pour adultes handicapés mentaux, et celui de Gérard Preszow, ETA, espace de travail artistique, réalisé au Créahm-Bruxelles.

Formée à l'ERG à Bruxelles, Lou Colpé jongle avec l'installation, la performance, la sérigraphie et, plus particulièrement, la vidéo. Caméra en main depuis son adolescence, elle filme ce qui l'entoure, à commencer par ses grands-parents. La maladie d'Alzheimer de sa grand-mère fera l'objet de son projet de fin d'études, Le temps long. Dans Si tu étais dans mes images, premier court-métrage documentaire, elle aborde le thème du deuil à travers des images prises ça et là un an après la disparition d'un de ses proches. La jeune réalisatrice est également intervenante dans des milieux d'aides et de soins. Pour son dernier projet, Jackson, je sautér pala fenètre, elle a côtoyé Jackson Ramadanovic alors qu'il participait à l'atelier artistique du Centre Sésame. 

Un cerveau qui n'en fait qu'à sa tête, un temps qui ne tourne pas rond, les aiguilles divaguent. Jackson comble, trace, inlassablement. Use le papier. Sans dépasser. Un monde peuplé de créatures dentées, bleutées.

Poisson, marteau, avion, nuage, bateau, chien, chat, lion. Pendant cinq mois, Lou Colpé s'est immiscée dans cet univers protéiforme a tenté de comprendre les liens, les objets, les lieux évoqués par Jackson, a écouté ses craintes, ses envies jusqu'à ce que ce grand tout surgisse sur le papier d'un trait régulier, précis. Un art-refuge, -exutoire, -thérapie, -apaisant, en somme. 

Dans le second film, ETA, espace de travail artistique, Gérard Preszow suit l'atelier d'arts plastiques du Créahm-Bruxelles qui, pendant l'été 2015, a invité une cinquantaine d'artistes, des externes et des internes, à investir les lieux afin d'organiser une exposition pluridisciplinaire. Romaniste de formation, Gérard Preszow devient rapidement réalisateur de documentaires tels que À l'école de la providence, une immersion dans l'enseignement professionnel et technique en milieu urbain, Couples en résidence, une rencontre d'une semaine entre quatre artistes plasticiens et quatre personnes dites "handicapées mentales".

Parallèlement à sa carrière, le réalisateur se passionne pour l'art brut. Art difficile à cerner, à définir, il nous échappe. C'est Jean Dubuffet qui avait créé ce concept. Dès 1945, le peintre crée une collection d'objets créés par des pensionnaires d'hôpitaux psychiatriques, des détenus, des solitaires, des originaux. Le point commun de cette collection est, selon lui, "une opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l'entier de toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres impulsions". Il ne s'agit pas de coller une étiquette sur les créations des participants du Créahm mais... Les toiles se comblent sans discontinuer, les mots s'enchaînent sans réfléchir, les traits s'accumulent. Les artistes, plongés dans leur(s) monde(s) intérieur(s) créent sous l'impulsion. Guidés, ça et là par les animateurs du Créahm, les artistes savent ce qu'ils font. Entre confessions, rires, câlins, complicité, soutien, Gérard Preszow s'introduit intimement dans la création elle-même. Des œuvres brutes, pures, spontanées, magiques et cruellement belles.

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