Créée en 1998 à l’initiative de Gilles Jacob pour soutenir le jeune cinéma de création, la Cinéfondation est une porte d’entrée fabuleuse pour les jeunes réalisateurs en devenir et un soutien pour les réalisateurs déjà plus avancés. Elle est composée de trois parties distinctes les unes des autres, la Sélection, la Résidence et l’Atelier, et est présidée par Georges Goldenstern, ancien directeur de l’Unité Cinéma d’Arte. Tournée vers l’international, la Cinéfondation révèle les talents de demain du monde entier et favorise ensuite les échanges entre pays afin que les réalisateurs et producteurs puissent penser leur plan de financement en tenant compte des possibilités de coproductions internationales.
Deux réalisateurs belges sélectionnés à la Cinéfondation du Festival de Cannes cette année. La Cinéfondation, qu’est-ce que c’est?
La Sélection de la Cinéfondation
L’histoire de la Cinéfondation commence par la naissance de la Sélection, section du festival qui regroupe entre 15 et 20 courts et moyens-métrages d’étudiants des écoles de cinéma du monde entier. Pour pouvoir postuler, il faut que le film soit un film d’école de cinéma, qu’il ait été produit dans les 18 mois précédant le festival, qu’il n’ait pas été présenté dans les principaux festivals internationaux (mais il peut avoir participé à un festival dans son pays d’origine) et qu’il ne dépasse pas 60 minutes. La soumission d’un film à la Cinéfondation est gratuite.
Une fois sélectionné, le film est présenté dans l’un des 4 programmes d’une heure et demie projetés pendant le Festival de Cannes, et est plongé dans la compétition. Un jury composé de professionnels et présidé par des réalisateurs ou acteurs de renom - les Dardenne ont déjà été présidents du Jury, Luc en 2000 et Jean-Pierre en 2012 - remet 3 prix aux meilleurs courts-métrages. Le premier prix reçoit 15.000 €, le deuxième 11.250 € et le troisième 7.500 € si les réalisateurs présentent un traitement de long-métrage dans les 2 ans qui suivent le palmarès.
Cette année, le jury présidé par Naomi Kawase, grande habituée du Festival de Cannes, a primé des films israéliens, anglais, hongrois et vénézuéliens. Pas de films belges donc, mais avoir été sélectionné est déjà une porte d’entrée considérable pour Alexandre Gilmet qui a, dès l’annonce de sa sélection, été contacté par des producteurs et des distributeurs. Précisons qu’en 2013, Sarah Hirtt, elle aussi réalisatrice issue de l’INSAS, avait remportée le deuxième prix avec son film En attendant le dégel.
La Résidence
La Résidence existe depuis 2000. Elle est la possibilité pour les jeunes réalisateurs d’ancrer une carrière qui débute. Réservée aux réalisateurs qui ont déjà réalisés un ou plusieurs courts-métrages, voire un premier long-métrage, elle leur permet de bénéficier d’un logement en plein cœur de Paris, leur offre un suivi personnalisé d’aide à l’écriture de scénario et des rencontres collectives avec des producteurs et des distributeurs. La Résidence favorise les échanges entre jeunes réalisateurs et professionnels afin qu’ils connaissent mieux le fonctionnement des systèmes de coproduction en Europe.
La durée de la Résidence est de 4 mois et demi, ce qui est une durée plus que raisonnable pour s’attaquer au développement d’un projet, et peut même être prolongée par la suite si besoin chez un partenaire. En plus de ces avantages, les réalisateurs hébergés reçoivent une bourse de 800 euros par mois, un accès gratuit à de nombreuses salles de cinéma parisiennes, des cours de français (s’ils le souhaitent) et la possibilité d’assister à des festivals pendant leur séjour durant lesquels ils pourront défendre leur projet.
Le processus de sélection tient compte de tout le travail précédent du jeune réalisateur et examine les qualités de cinéaste et le point de vue personnel développé dans l’ensemble de ses projets. Après une présélection, Gilles Jacob et son jury désignent les candidats qu’ils retiennent et votent.
Deux sessions ont lieu chaque année. La prochaine est déjà complète, gardez l’œil sur le site de la Cinéfondation pour ne pas manquer l’appel à projet de la prochaine. Aucun Belge n’y réside pour l’instant : c’est à vous!
L’Atelier
Chaque année depuis 2005, des réalisateurs voient leur projet de film sélectionné à l’Atelier du Festival de Cannes par Georges Goldenstern. Plateforme d’accueil, l’Atelier dispose d’un stand au Village International du Pantiero. Le principe est simple : mettre en relation l’équipe du film avec des professionnels du cinéma qui pourront l’aider dans sa phase de financement international., À chaque projet, sa table : distributeurs, agents de ventes internationales, fonds d’aides et coproducteurs se rendent à l’Atelier pour consulter le Livre des projets dans lequel ils piochent ceux qui leur parlent. Ensuite, ils prennent rendez-vous auprès des organisateurs, s’entretiennent avec l’équipe du film, et demandent à lire le scénario complet s’ils souhaitent mieux connaître le projet encore pour s’y impliquer véritablement.
Tantas Almas, projet de premier long-métrage de Nicolás Rincón Gille, a été sélectionné cette année parmi 15 autres. Les projets sont divers, allant de premier film de fiction ou d’animation, à ceux de réalisateurs connus comme Santiago Mitre, réalisateur et scénariste argentin à la notoriété assise. Le réalisateur belgo-colombien s’est donc rendu à Cannes pendant quelques jours pour rencontrer distributeurs et vendeurs. Associé à ses producteurs français et colombiens, il est venu chercher plus de financement afin de pouvoir tourner le film début 2017.
Chaque jour, de 9h00 à 14h00, l’équipe du futur film a rencontré des distributeurs, agents de ventes et coproducteurs pour présenter le projet et voir si leurs intérêts allaient dans la même direction. L’après-midi, il était temps d’en profiter pour aller voir des films et participer aux événements du festival.
Pas de ponts entre les sections, mais une solidarité
Ce n’est pas parce qu’un réalisateur a vu son projet retenu et primé à la Sélection qu’il sera automatiquement pris à la Résidence et/ou à l’Atelier. Les sections sont complémentaires, mais aucun automatisme n’est à l’œuvre dans le choix des projets.
Cependant, le Festival de Cannes aime suivre les jeunes auteurs qu’il a révélés. On retrouve à l’Atelier cette année par exemple, Santagio Mitre qui a déjà participé à l’élaboration du scénario de films présentés et dans la section Un Certain Regard et en Compétition Officielle, ainsi que le réalisateur turc L. Rezan Yesilbas, qui avait remporté la Palme d’or du court-métrage avec Sessiz-be-deng en 2012.
Peut-être Alexandre Gilmet sera-t-il bientôt à la Résidence en train de développer le premier long-métrage qu’il aimerait tourner en Pologne ?