Festival Alimenterre, du 7 au 29 octobre 2020

Qu'ils soient belges, français, grecs, norvégiens, sénégalais, malawiens, brésiliens, chinois ou encore cambodgiens, les agriculteurs et éleveurs du monde entier sont obligés de revoir leur système de production face au défi climatique qui s'impose inéluctablement à eux.

Seulement dix films ont été retenus parmi la centaine proposée aux organisateurs. Cette nouvelle édition du festival Alimenterre entend innover et mettre à l’honneur le documentaire de création. Chaque projection sera suivie d'un débat et de nombreux ateliers sont également prévus tout au long du festival.

Le film d'ouverture du festival, Une fois que tu sais (première diffusion belge) d'Emmanuel Cappellin, propose un voyage aux quatre coins du globe dont personne ne reviendra indemne. L'originalité du documentaire est d'avoir concentré son attention sur les émotions personnelles et le ressenti de cinq experts du climat. Leurs propos sont bouleversants et inspirants à la fois. Ne se limitant pas à souligner les dangers d'un effondrement global, l'auteur propose également des pistes pour se préparer aux bouleversements à venir. La réalisation est irréprochable. C'est une véritable épopée qui vous invite à embarquer dans un immense cargo porte-conteneurs pour ensuite voyager à travers le monde. Édifiant !

Nous la mangerons, c'est la moindre des choses est une réalisation franco-belge sur le thème du rapport entre l'humain et l'animal. Elsa Maury remet en question le cynisme de la société consumériste et le déni des masses sur des questions aussi évidentes que l'abattage et l'élevage du bétail. Nathalie est une bergère qui apprend à tuer ses bêtes. Rien n'est caché, tout est montré. Interpellant !

La réalisatrice Maria Economou nous téléporte dans un petit village grec en compagnie du charismatique Elias et de son équipe de grand-mères. La musique peut-elle vraiment aider des tomates à pousser ?

Quand les tomates rencontrent Wagner relate avec beaucoup d'humour et d'émotion les péripéties d'un homme qui tente de vivre grâce à ses magnifiques tomates. Du champ à l'atelier en passant par une boutique bio située à deux pas de la Commission européenne à Bruxelles, cette aventure révèle les écueils rencontrés par les petits producteurs bio pour intégrer le circuit économique classique. Touchant, amusant, marquant !

Que ce soit le film belge Sur le champ ! de Michael Antoine et Nicolas Bier qui pose la question de la faim dans le monde et qui propose la mise en place de nouveaux modèles d'agriculture familiale durable, Chão (Landless) de Camila Freitas qui retranscrit comme jamais certains aspects du Mouvement des travailleurs sans terre, Semer, récolter, résister de Marion Dualé et Ousmane Dary, ou encore Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes de Rodophe Marconi, la prise de conscience du rôle essentiel de l’agriculture dans l'évolution de nos sociétés et de la nécessité de promouvoir des systèmes alimentaires sains, durables et résilients sont au centre du débat.

S'il existe bien une firme célèbre pour son impact négatif sur l'environnement et la qualité de notre alimentation, il s'agit de Monsanto. La vie est dans le pré d'Eric Guerret est probablement le documentaire le plus poignant et captivant réalisé sur le géant américain qui s'est fait absorber par Bayer en 2018. Ce documentaire à grand budget, dont le tournage a pris plus d'un an, est d'une qualité irréprochable, que ce soit du point de vue visuel ou du contenu. Émouvant !

Le temps des forêts de François-Xavier Drouet peut-être considéré comme un ovni de la sélection. La forêt est le poumon de notre planète et son exploitation peut avoir des répercussions infinies sur notre écosystème. Les choix d'aujourd'hui dessineront-ils le paysage de demain ? La question ne se pose plus et l’industrialisation intensive des forêts est un sujet crucial à l'aube de 2021. Un magnifique documentaire qui plonge le festivalier en pleine nature... ou presque. Verdoyant !

L'originalité d'Uâr (The resilient) réside dans l'inversion des sempiternels rapports de domination du Nord sur le Sud. En montrant les difficultés d'un agriculteur norvégien face à une sécheresse de plus en plus problématique en Scandinavie, Julie Lunde Lillesæter parvient à capter un témoignage émouvant. Ce documentaire véhicule l'idée que les échanges de bonnes pratiques entre agriculteurs du Nord et du Sud doivent être mutuels. Malgré son expérience et ses moyens financiers importants, Uâr quitte pour la première fois sa Norvège natale pour trouver des solutions au Malawi. Il y apprendra des techniques nouvelles auprès d'agriculteurs locaux. Suffisant pour sauver son exploitation face aux changements climatiques ? Instructif et inspirant !

Pour les plus jeunes, L'odyssée de Choum (3+) et Ici la terre (15+) sont également prévu hors compétition. De nombreux courts métrages seront diffusés tout au long du festival.

Plus d'informations & réservations : https://festivalalimenterre.be/