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Juillet 96 de Michèle Jacob

Publié le 14/08/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Dans le creux d’une main encore fébrile, se loge le sable fin qui coule doucement le long de la paume, et, avec lui, le début de l’été. Sophie, une jeune fille de 10 ans, passe son été 1996 à la mer avec sa cousine Laurence. Alors que la Belgique est frappée par la disparition de deux petites filles, Sophie vivra son dernier été d’enfant.

En compétition nationale au BSFF, le court-métrage de Michèle Jacob pose un regard doux et original sur le passage de l’enfance à l’adolescence.

Juillet 96 de Michèle Jacob

Dès le premier plan sur la plage, nous découvrons Sophie, 10 ans, marchant délicatement sur le sable, s’adonnant ensuite à un rituel particulier avant de s’engager avec élégance dans la mer du Nord. Le format 4/3 et la caméra épaule, fougueuse et libre, marquent l’esthétique tranchée à la Andrea Arnold. Rapidement, la réalisatrice plonge son personnage dans le tourment : Comment accepter que les autres changent ? Comment revivre les mêmes moments si les personnes ont changé ?

Par couche subtile, en se focalisant sur le passage de l’enfance à l’adolescence, le film est une ode à la liberté et un rite initiatique vécu par les protagonistes en crescendo, pour in fine éprouver le « passage », et la certitude que désormais, elles ne partageront pas les mêmes choses. Alors que Sophie, plus jeune et suiveuse dans un premier temps, tente inexorablement de revivre les baignades, les patins à roulettes, la musique, sa cousine Laurence, elle, fume ses premières cigarettes, rejoint des jeunes mecs, embrasse l’un deux, vit ses premières cuites. Conscientes de ce qui les sépare, c’est pourtant Sophie qui, symboliquement, vivra un passage radical, de l’enfance à l’âge adulte, veillant en permanence sur sa cousine.

Avec la terrible période Dutroux comme toile de fond, dont la présence dans le film est fantomatique, incarnée par les informations télévisées, les discussions et la silhouette sombre d’un homme aperçu dans les dunes par Sophie, le film de Michèle Jacob parvient cependant à questionner ce qui caractérise l’enfance et ses attentes d’une part ainsi que l’adolescence. Elle les arpente avec poésie et sensibilité.

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