Après l’envoûtant Juillet 1996 (2020) qui abordait la question de l’enfance et du passage à l’âge adulte, Michèle Jacob propose, avec Les Enfants perdus (2024), une étonnante épopée qui puise son atmosphère dans le registre horrifique de manière surprenante. Grâce à un tournant décisif, la réalisatrice réussit à maintenir l’intérêt et l’engagement des spectateurs tout en ajoutant de la profondeur à l’intrigue.
Les Enfants perdus de Michèle Jacob, 2024
Le film Les Enfants perdus (2024) s'appuie habilement sur des éléments classiques de l'horreur pour créer une atmosphère de tension et d’angoisse. Il puise dans des thèmes bien établis du genre, tels que les maisons hantées, les apparitions spectrales et les créatures de l'ombre, tout en les revisitant avec une touche contemporaine et rarement égalée dans le cinéma belge. La réalisatrice utilise des techniques éprouvées, notamment les jeux d’ombres et de lumières, ainsi qu’une ambiance sonore oppressante et éthérée pour susciter un sentiment d’oppression et de malaise.
Comme elle l’a expliqué en amont de sa diffusion au BRIFF, l’idée de ce film lui est venue de son héros préféré qui n’est autre que Peter Pan, mais dans sa version 1904 de l’ouvrage de James Matthew Barrie et non pas la version plus édulcorée de Disney sortie au cinéma en 1953. Le film de Michèle Jacob relate l’histoire de 4 enfants isolés sans adultes dans une maison lugubre et un univers qui pourraient être inspirés de La Forêt Interdite des frères Grimm. Dans ce conte, les protagonistes se retrouvent dans une forêt ensorcelée où les arbres semblent murmurer des avertissements et où chaque tentative de quitter la forêt se solde par un retour inexpliqué à son point de départ.
Un peu à la manière de Guillermo del Toro, Michèle Jacob utilise des éléments surnaturels et des créatures mythiques pour explorer des réalités humaines et des thèmes universels, en l’occurrence ceux de l’abandon parental et des traumas de jeunesse. Ce sont deux jeunes sœurs, Iris et Liocha Mirzabekiantz, qui interprètent les rôles féminins avec justesse. Les rôles masculins sont quant à eux dévolus à Louis Magis et Lohen Van Houtte.
Le glissement subtil de l’intrigue vers le réel permet au film de transcender les clichés du genre d'horreur pour offrir une expérience cinématographique plus nuancée et introspective. Les événements surnaturels servent ainsi de catalyseurs pour révéler les véritables terreurs enfouies dans l'esprit humain, transformant chaque frisson en une exploration psychologique et émotionnelle profonde.
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