Le silence et l’effroi
Dans Someone Else Happiness, une voiture renversait un enfant qu’elle laissait pour mort sur le bas de la route avant de prendre la fuite. L’accident venait lézarder l’univers d’une banlieue résidentielle cadavérique déjà sous perfusion. La disparition d’un enfant était à nouveau le cœur d’Unspoken, sinon qu’elle avait déjà eu lieu depuis de nombreuses années, et qu’un homme et une femme s’y débattaient avec l’absence, embourbés tous deux dans la temporalité immobile et pâteuse d’une vie à jamais arrêtée, jusqu’à ce qu’une infime série de micro événements viennent tout doucement les remettre en mouvement. Dans Kid, Fien Troch se penche encore une fois sur une enfance meurtrie, une famille dévastée, ravagée de silence, d’immobilité et de disparition - tout ce qui, désormais, fait l’essence de son cinéma. Mais en le radicalisant à l’extrême, la jeune réalisatrice flamande va jusqu’au bout d’une démarche cinématographique forte et originale dont les deux premiers films avaient déjà largement tracés le sillon. Un troisième opus, dégraissé jusqu’à l’os, comme un couteau dans le vide de nos vies. Risqué et sec.