Le Complot de famille de l'Atelier Zorobabel
Il est très difficile de s'étendre sur l'argument du Complot de famille sans ôter au court-métrage une bonne partie de sa saveur. On nous pardonnera donc de ne pas rentrer dans les détails de ce délire de la persécution construit avec une rigueur toute paranoïaque autour de clichés de la vie familiale. Sans doute, l'histoire de ce solitaire maladif qui se fuit dans une famille imaginaire, qu'en même temps il détruit par son obsession du complot poussée à l'extrême, est pathétique. Mais jamais les réalisateurs ne vont tomber dans le piège des larmes ou de la déprime. Quel soulagement par rapport à certains films de la compétition internationale, comme Ligne de vie de Serge Avédikian (un couteau que l'on retourne dans une plaie avec un plaisir pervers : insupportable !) ou même le gagnant du grand prix : Butterfly de Corin Hardy. Le cheminement d'un cerveau malade est ici suivi jusqu'à ses dernières extrémités avec un étonnant réalisme et une très grande maturité dans le rendu, mais le délire paranoïaque est aussi restitué sur un ton très dynamique qui fait que le film se regarde avec un effarement amusé. Parler légèrement, et avec tact, de choses graves est une qualité trop rare que pour être négligée, même si l'animation de poupées se prête particulièrement à ce décalage un peu sarcastique. Le complot de famille est un exemple de plus de la très grande qualité du travail fourni par William Henne et ses ouailles. Zorobabel se distingue désormais chaque année dans les festivals et remporte par ailleurs le grand prix de la compéttion 2004 avec un autre de ses films : Jan Herman. Respect.