À 29 ans, Sarah Hirtt, originaire de Nivelles, est sortie depuis deux ans de l’INSAS. Son court métrage de fin d’étude, En attendant le dégel se voit gagner le second prix à la Cinéfondation à Cannes. Produite par Artémis Production (Melody, Pas son Genre), Sarah Hirtt est une mine d’énergie créative, car après un second court métrage, Javotte, l’a voici déjà en train de lancer son premier long métrage. Si sa carrière semble prendre joliment son envol, comment est-elle parvenue à déployer ses ailes ? Découvrons le parcours de cette jeune professionnelle du cinéma.
Les Pros du Ciné #2 : Sarah Hirtt
Cinergie : Peux-tu m’expliquer comment tu étais enfant et comment tu es arrivée au monde du cinéma ?
Sarah Hirtt : J’étais assez énergique, j’avais la bougeotte et je faisais beaucoup de sport. Je faisais 13h de gymnastique par semaine. L’école et la gym, c’était ma vie. Je crois que la gym m’a appris à mordre sur ma chic, à aller jusqu’au bout de ce que je veux faire. Ça m’a donné une certaine ténacité. Je jouais beaucoup aussi, j’avais des légos, des barbies, des playmobiles. Je passais des après-midi entiers à préparer l’histoire qui allait se jouer avec ma voisine et ma soeur jumelle, on jouait toujours à trois. Je me chargeais de définir le rôle des personnages, mais ça ne marchait jamais ! Puis ma mère nous appelait pour manger et on n’avait toujours pas joué. C’est marrant parce que c’est à peu près les premiers scénarios que je me suis inventés sans m’en rendre compte.
C : Qu’est-ce qui t’a décidé à faire du cinéma ?
S : J’adorais regarder des films quand j’étais plus jeune, donc je me suis dit que ce serait génial de pouvoir travailler dans ce domaine et d’en faire mon métier. J’ai d’abord commencé par faire des stages pour me tester, parce qu’être cinéphile et vouloir faire du cinéma ce n’est pas la même chose. J’ai tout de suite adoré ça mais mes parents n’étaient pas rassurés et m’ont dit que si j’avais un diplôme universitaire, ils m’aideraient pour des études artistiques, si c’était toujours ce que je désirais. Du coup j’ai fait l’ULB en langues romanes et j’ai continué à faire des stages de cinéma une ou deux semaines chaque été. Je regardais des films pour étoffer ma culture cinématographique. Lorsque j’ai terminé l’université, j’ai postulé à l’INSAS et à l’IAD. C’était une idée qui me trottait en tête depuis des années et qui s’est finalement concrétisée bien que cela ait pris du temps.
Quand je suis rentrée à l’INSAS, je n’avais pas encore mon univers et je ne savais pas ce que j’avais envie de raconter. Je pensais que l’école était là pour que je puisse me forger mon identité artistique mais je me suis rendue compte que j’étais presque une des seules qui espérait cela. Il m’a fallu un peu de temps pour trouver ma place. J’avais le syndrome de l’imposteur, propre à de nombreuses personnes dans le domaine artistique. On se demande si notre place est légitime. Pouvons-nous réellement prétendre à faire ce métier ? Heureusement, cette question s’est un peu estompée au fil des années mais elle revient tout le temps, encore maintenant. Ces doutes ne doivent pas prendre le dessus parce que sinon tu ne fais plus rien, tu procrastines et tu n’avances pas. Cependant, je pense que c’est important avant chaque projet de se poser la question : est-ce que j’ai assez bossé, est-ce que ça me semble bien ? Sur mon premier court métrage professionnel (NDLR Javotte), quand j’ai vu l’équipe qui se formait autour de moi, j’étais impressionnée parce que c’était tous des professionnels du cinéma qui étaient là et se donnaient à fond. Tu as intérêt à garder le cap, à savoir comment mener ton bateau. Tout ce monde s’y embarque et tu n’as pas envie qu’il prenne l’eau. C’est donc une sacré responsabilité.
C : Penses-tu que tu aurais pu faire tes films de manière autodidacte, sans passer par des études ?
S : Je pense que les études m’ont donné une assise et la confiance dont j’avais besoin pour me prétendre réalisatrice et continuer. Les études m’ont fait du bien parce qu’elles offrent énormément d’exercices qui permettent de forger ton identité artistique, ce que tu veux raconter, le ton que tu emploies. La tragi-comédie, par exemple, est quelque chose qui me plaît énormément et je l’ai découverte avec En attendant le dégel, mon film de fin d’étude. Je n’avais jamais fait de projet avec des traits d’humour avant ça. J’ai l’impression que les gens y prennent du plaisir. J’ai vécu de chouettes projections où le public riait de bon coeur. J’adore ça ! Je me dit qu’un jour je ferai un film d’horreur, ça doit être la même chose ! Sentir la salle qui rit ou frissonne est la plus belle des récompenses. C’est aussi grâce à mon film de fin d’étude que j’ai rencontré mon producteur Patrick Quinet (NDLR Artémis Production).
C : C’est le producteur qui te suit encore aujourd’hui ?
S : Oui. Il faisait partit du jury des films de fin d’étude. À la fin de la projection d’En attendant le dégel il est venu me voir et m’a tendu sa carte. Je suis retournée le voir plus tard et on a discuté des idées de projets que j’avais, puis on a démarré l’écriture du court et du long en parallèle. Il avait intérêt à avoir confiance. J’ai eu de la chance que Patrick soit sur le coup. Surtout qu’au début, personne en Belgique ne voulait du film. Il n’a pas fait le FIFF, ni le festival de Bruxelles, Leuven, Gand. C’était assez décevant. Et puis est arrivée la sélection à Cannes.
C : La sélection à Cannes est arrivée après le refus de tous ces festivals ?
S : Oui, c’était inespéré. J’avais tenté ma chance à Cannes parce que mes potes le faisaient. Je n’y croyais pas du tout. En plus, j’ai été la dernière sélectionnée, on me l’a expliqué à Cannes. Cela ne tient à rien et c’est aussi ce qui est flippant dans ce métier. Si je ne l’avais pas envoyé à la Cinéfondation, je n’aurais pas du tout eu la visibilité que le film a eu par la suite. Il y a probablement plein de films supers qui ne sont pas vus. Les festivals peuvent vraiment passer à côté de films de qualité. Ils en reçoivent des centaines si pas des milliers. Il suffit que le mec regarde ton film à 8h du matin et qu’il soit mal réveillé pour qu’il ne le retienne pas. Si ça se trouve, s’il l’avait regardé trois jours plus tard, il l’aurait sélectionné pour la seconde étape. Tu n’en sais rien. C’est subjectif et aléatoire. J’appelle cela “la loterie des festivals”.
C : Comment se passe l’écriture de tes scénarios ?
S : Souvent je pars d’une idée, de personnages et de rencontres entre des personnages. Ça me travaille, ça reste d’abord dans ma tête puis je la mets sur papier. Une fois que je sens que j’arrive à une histoire avec un début, une fin et que je commence à apprivoiser les personnages, alors sur un papier je fais une structure et je me mets à écrire. Je suis assez désorganisée dans mon écriture de scénarios. Une fois que je commence à écrire, je le fais dans le détail. J’écris directement mes dialogues, les atmosphères. Ça fait perdre du temps, mais quelque part, en écrivant les dialogues, je caractérise mes personnages et j’apprends à les connaître en leur mettant des mots dans la bouche. Il y a plein d’étapes derrière, ce sont comme plusieurs couches qui se superposent. Parfois, je me rends compte que tout le début ne fonctionne pas et je dois virer vingt pages !
C : Ce n’est pas douloureux ?
S : Si, c’est horrible ! Mais je les garde. Je me dis que je pourrai toujours utiliser ces dialogues pour un prochain projet. A l’école, on nous avait appris à avoir une structure et à seulement ensuite passer aux dialogues. Moi je n’arrive pas à savoir si ça marche avant d’avoir mes dialogues écrits. Heureusement qu’on travaille avec des ordinateurs aujourd’hui. Ça nous permet d’écrire des scènes et de les déplacer où on veut.
C : Ta méthode fonctionne pour des courts métrages, mais qu’en est-il d’un long métrage ?
S : C’est là où je vire vingt pages. Je suis d’ailleurs en train d’écrire mon premier long. Après une première version de scénario, en le faisant lire et en le soumettant à des commissions, on s’est rendu compte que ce qui intéressait le plus, c’était la fin. J’ai donc réduit le début et mis l’accent sur la suite. C’est sûr qu’il y a des scènes entières qui ont dû partir à la poubelle alors que si j’avais travaillé par structure, je m’en serais peut-être rendu compte avant.
Quand j’écris un scénario, j’aime bien aussi faire des lectures et des répéts avec les comédiens. Ça permet de se rendre compte que certaines répliques jolies sur papier font un peu littéraires ou forcées dans la bouche d’un comédien. La préparation avant le tournage est utile car tu es plus posée et tu as le temps de réfléchir. Sur le tournage, le problème c’est qu’on manque de temps. Si tu changes quelque chose, il faut être sûre de ton coup ! Tu as pu bosser deux, trois ans sur un scénario et puis avoir envie de changer, mais est-ce la bonne décision à ce moment là ? Tu ne pourras pas revenir en arrière.
C : As-tu déjà eu l’occasion de changer quelque chose au tournage et de te rendre compte que cela ne fonctionnait pas du tout ?
S : Oui, ça m’est arrivé pour la scène de fin de Javotte, mon deuxième court métrage. Je n’avais pas le temps de réfléchir à une mise en scène intéressante donc j’ai filmé ce qui se passait. J’aurais dû prendre une heure pour me poser avec mon chef op et ma script pour réfléchir à comment terminer le film sur un nouvel élan ou sur une nouvelle énergie, mais j’ai manqué de temps, et il était déjà fort tard, on tournait de nuit. Alors j’ai tourné en me disant qu’on trouverait des solutions lors du montage. Finalement, j’ai carrément enlevé la scène, et mon avant-dernière scène est finalement devenue ma scène de fin. Il m’est arrivé la même chose dans En attendant le dégel, ma scène de fin a aussi sauté. Je voulais que l’avant-dernière scène soit en terme d’énergie un peu plus lourde. Dans cette scène, un des personnages devait jouer avec un harmonica sauf qu’on était de nuit, dans la neige par -20°. L’harmonica a gelé et il y a eu un fou rire. J’ai préféré garder ça et enlever la scène qu’il y avait normalement après qui fonctionnait moins bien. Ce qui m’importait c’était d’avoir ce moment de rapprochement entre les personnages. J’ai toujours des fins assez abruptes !
C : Tes deux courts métrages présentent des histoires assez similaires : des personnages sensés bien s’entendre. Dans le hors champ, on ignore ce qui s’est passé, mais il y a une mésentente puis ils en viennent à se réconcilier. Que veux-tu raconter par là ?
S : Je pense qu’on est assez individualiste, on voit souvent l’autre comme un ennemi. J’ai envie de croire en la réconciliation. Je trouve aussi qu’il y a parfois un côté artificiel dans le conflit, on juge telle ou telle personne sur base de préjugés ou de stéréotypes. Pourtant on n’est pas si différents et on peut trouver des points de cohésion, un moyen de s’entendre et d’aller au delà de nos différences. Tout ça, c’est un peu théorique et je n’y pense pas quand j’écris. Les histoires viennent avec l’envie de raconter des personnages.
C : D’une certaine manière, tu amènes un dispositif qui coince tes personnages. Tu les mets dans des situations où ils sont obligés de se confronter. Je pense que tu fais la même chose dans ton long métrage.
S : Oui, il y aura de ça aussi. D’ailleurs, c’est aussi pour cette raison que je pars vers la thématique familiale. La famille est caractéristique d’une situation où tu es obligée d’être avec des gens que tu n’as pas choisis. Mais de nouveau, ce n’est pas conscientisé. C’est vrai que j’aime confronter des personnages qui a priori ne s’entendent pas, qui n’aimeraient pas passer du temps ensemble, pour les faire évoluer ensemble. Sur En attendant le dégel, je partais vers un road movie, pour Javotte, je me suis dit que j’allais faire un huis-clos pour changer. Au final, je me suis rendu compte que c’était exactement la même chose : des personnages coincés ensemble dans une situation un peu absurde.
C : Comment travailles-tu sur le tournage ?
S : Sur le plateau, j’aime rester avec les comédiens parce que la direction d’acteurs et la mise en scène est ce que je dois faire toute seule. Pour la direction d’acteurs, je suis assez exigeante. Je sais ce que je veux et je veux que le comédien arrive à ça. J’ai des moments où on refait des prises et des prises pour arriver à ce que j’ai en tête. Le cadre, la lumière, le son, tout ça ce sont d’autres gens qui prennent le relais. À part pour modifier certaines choses ou faire des propositions, je ne vais pas voir mon équipe.
C’est important sur le tournage de se contenir et de rester calme par respect pour ceux qui bossent et s’investissent. On ne fait pas un film tout seul, on a besoin du travail de chacun. Il faut bien s’entourer et avoir à ses côtés des gens qui ont du talent mais avec qui, humainement, ça se passe bien et avec qui tu sais communiquer. Je commence à bien connaître mon équipe, ce qui permet de se comprendre vite. Ils savent que c’est dur d’être capitaine d’un navire, d’être réa. Heureusement aussi, je suis quelqu’un dont les doutes ne transparaissent pas trop. Sur un tournage, ça m’est arrivé d’avoir des moments de panique, mais les gens ne le voient pas.
C : Comment appréhendes-tu de passer du court au long métrage ? C’est un grand changement !
S : Ça dépend des jours. En ce moment, je suis plutôt dans une bonne phase, parce que je pars à l’atelier du Grand Nord à Québec. Je vais pouvoir retravailler le scénario et c’est évidemment positif. Les regards extérieurs qui vont se poser sur le scénario vont enrichir le projet. Je passe également des castings et c’est stimulant de rencontrer des comédiens. Je commence à remettre les dossiers de production pour les demandes de financement. Cela dit, c’est aussi une lourde responsabilité car c’est toute une équipe qui va travailler des mois dessus, des comédiens qui vont jouer leurs images sur le film et une production qui s’engage. C’est sûr qu’il y a des moments de stress et qu’on se pose des questions. Ça fait deux ans que je suis sortie de l’école et je suis déjà en train d’essayer de financer mon premier long. J’ai une chance inouïe.
C : Une partie du film se passera en Espagne, pourquoi ce choix ?
S : Je voulais repartir sur un road movie puis, j’ai étudié les langues et la littérature romane, option espagnole. C’est un pays que j’aime beaucoup et j’avais une certaine frustration de n’avoir pu y aller au moment où le mouvement des Indignés était en pleine effervescence. J’étais prise dans mes études, ce n’était pas le bon moment pour partir deux mois aller voir ce qui se passait là-bas. Je suis assez attristée de voir l’état de la société aujourd’hui. Voir des mouvements sociaux, mobilisateurs, je trouvais ça enthousiasmant. J’avais donc envie d’aller voir comment se porte l’Espagne aujourd’hui, rencontrer les militants et les activistes. Je suis partie sur la thématique du logement. Mes personnages belges vont rencontrer des gens qui ont rencontré des problèmes à ce niveau. Cela combine à la fois un amour de ce pays et une interrogation de la société quant à ce qui se passe là-bas. Je suis quelqu’un d’assez engagée. Je ne me voyais pas aborder des thématiques sociales en seulement quinze, vingt minutes. Dans mes courts métrages, j’ai eu envie de faire mes armes sur des thématiques qui me sont proches, comme la création de personnages.
C : Comment ressens-tu le fait de faire des films en Belgique ?
S : J’aime ça. Je trouve qu’on a un cinéma riche, qu’on a des choses différentes et qui méritent d’exister. Des frères Dardenne à Jaco Van Dormael, en passant par C’est Arrivez près de chez vous. La Belgique est un petit pays à taille humaine et ça me plaît. Tu peux rencontrer les gens qui font du cinéma belge parce que c’est un noyau dur autour duquel gravitent plein de gens. Ils sont accessibles. Je trouve aussi que le cinéma belge est moins formaté que le français. J’ai l’impression qu’on peut se permettre plus de choses. En France, soit tu es complètement indépendant, soit tu fais du film à la chaîne, des comédies avec Christian Clavier et compagnie.
C : Comment imagines-tu la suite ?
S : Je n’ai encore rien de concret pour la suite. J’ai des envies de série TV. J’aimerais peut-être adapter un roman, parce qu’écrire un scénario prend vraiment beaucoup de temps. Après, il faut que je trouve le bon projet. J’espère que je pourrai continuer à faire des films mais dans ce métier, il n’y a aucune garantie. Quand j’étais à Cannes, Jane Campion m’a donné un conseil : “Lorsque vous travaillez sur un film, bossez déjà sur le suivant”. Je pense que c’est une manière de ne pas se laisser démonter moralement. On vit dans un monde où la critique est dure, pas toujours respectueuse ou bienveillante. Les gens ne prennent pas de pincettes. Quand tu fais un film, tu as l’impression d’accoucher d’un enfant. Or, qui se permettrait dans la rue de dire à une mère “ Votre gosse est horrible ! Mais c’est quoi cette tête ?!”. Pourtant, c’est un peu ce que ressent un réalisateur quand on critique son film. Par contre, c’est riche d’avoir des critiques bienveillantes et constructives, elles nous amènent à nous poser des questions.
C : Arrives-tu à vivre de tes films ?
S : Du court métrage non, pas du tout. Par contre, ce qui est bien, c’est qu’en parallèle du court métrage, j’écrivais le long. On avait remis des dossiers pour des demandes d’aide au développement que j’ai obtenues en Belgique et au Luxembourg. Cela me permet de me faire des contrats d’écriture. J’ai également des parents qui m’aident en cas de problème mais j’essaye de ne pas en abuser. Ils avaient tellement peur que je fasse ce métier que j’ai envie de leur prouver que je peux me débrouiller. Il y a aussi eu le prix à Cannes qui m’a beaucoup aidé. J’ai reçu 11 000 euros. C’était un vrai cadeau en termes de reconnaissance et de visibilité.
C : Ça doit t’encourager à continuer.
S : Oui. Comme je te disais au début, avec le syndrome de l’imposteur on a besoin de ce type de reconnaissance pour se dire que c’était bon. On a besoin des festivals pour les courts métrages, car on n’a que ça. Pour les longs métrages, c’est différent parce que soit tu vises les festivals, soit tu vises une sortie en salle.
C : As-tu un conseil pour ceux qui débutent dans le cinéma ?
S : Être humbles dans leurs démarches. Ne pas vouloir avoir tout, tout de suite. Comme la plupart des pratiques, le cinéma s’expérimente. Il y a quelques génies comme Dolan qui d’un coup te sort un premier long métrage, mais ça reste rare. Du coup, il faut se laisser le temps. Soit passer une école, soit sortir sa caméra DV.
Je pense qu’il faut y aller étape par étape, sans vouloir faire directement le chef d’œuvre de sa vie. Voir de quoi on est capable, physiquement, mentalement et artistiquement. Puis, une fois qu’on est convaincu de ce qu’on a envie de faire, y aller et bien s’entourer. Que ce soit dans une école avec tes profs, avec des intervenants qui viennent te parler de leurs expériences ou en dehors de l’école en allant à des master class, en écoutant les gens, en allant au cinéma même si certains cinéastes vont très peu au cinéma. C’est bien aussi de penser aux spectateurs quand on fait un film. J’ai l’impression que parfois les gens font des films vraiment pour eux et que finalement ça n’a pas beaucoup d’écho chez les gens.
À Bruxelles le 28 janvier 2015
Aurore Wouters
Photo d’illustration Sévara Irgacheva
Photos tournage En attendant le dégel Frédéric Winand ; Javotte Caocao