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Miss Marvel de Adil et Bilall

Publié le 21/06/2022 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

S'il n'est pas rare de voir les talents belges intégrer le big game hollywoodien, force est de constater que le duo Adil El Arbi et Bilall Fallah ont su tirer leur épingle du jeu pour y rester. Après Bad Boys for Lifeles deux compères pétris d'influences pop sont aux commandes de la nouvelle production Marvel Studios, Ms Marvel. Une série qui, tout en s'inscrivant dans la continuité super héroïque de Disney, bouscule les codes et met quelques beaux uppercuts aux idées reçues.

Miss Marvel de Adil et Bilall

Kamala Khan (espiègle et brillante Iman Vellani) est en effet loin d'être une teenager américaine comme les autres. À côté des pouvoirs qu'elle se découvre, émanant d'un bracelet hérité de sa famille, elle est elle-même le fruit d'un fort brassage de culture et de contre culture à cheval entre sa vie dans la banlieue populaire new-yorkaise, et les origines pakistanaises de ses parents. À tel point que l'on peut en être un peu déstabilisé par les références qu'elle nous assène avec aplomb et paillettes dans les yeux, entre citations bollywoodiennes et répliques de chanson de rap. Mais pour peu que l'on se laisse emporter par le torrent de vie de ce personnage, la fraîcheur que propose cette nouvelle série (dont nous n'avons à date découvert que deux épisodes) fait plaisir à voir.

Dans l'univers Marvel, amener des protagonistes jeunes et peu connus, et a fortiori de nouvelles approches narratives, n'est plus aujourd'hui chose aisée. Le canon est tel que, sur des œuvres pourtant à fort potentiel, de nombreux cinéastes se sont cassé les dents pour ne livrer au final que des versions médiocres de récits qui ne l'étaient pas forcément à l'origine. En plongeant pleinement dans la culture pakistanaise de leur héroïne, Adil et Bilall revisitent l'origin story, arc narratif éculé, avec le twist d'un autre point de vue. Une histoire qui met en lumière d'autres pratiques, d'autres modes de vie loin de la blanchité protestante anglo-saxonne majoritaire dans le Marvel Cinematic Universe. On voyage ainsi des bancs du lycée de Kamala à l'intérieur d'une mosquée où des jeunes se prennent en selfie, avant de fêter l'Aïd avec la communauté musulmane pakistanaise de New York, au cours d'une fancy fair colorée et pétillante. L'air de rien, les cinéastes montrent des personnages pratiquants dans une société moderne, avec un spectre de la spiritualité varié et riche. Le tout, dans une simplicité du quotidien rafraîchissante. Ici, on ne peut que constater la force du cinéma américain d'absorber les parties qui le composent pour former un tout, somme de ces influences diverses.

Emportant avec eux leur chef opérateur Robrecht Heyvaert, Adil et Bilall impriment à la série un tempo envolé, au rythme d'une New York vivante et vibrante. En combinant des plans travaillés et des jeux de caméra modernes avec une habile surimpression des gribouillis animés de leur personnage (Kamala se dessine une vie de rêve qui s'anime au gré de ses émotions et de ses vagues à l'âme), les cinéastes ajoutent encore une couche d'énergie à leur série, d'autant plus espiègle. Saupoudrez le tout d'une bande son riche, et vous obtenez une petite bombe de saveurs, qui vous laisse - si vous êtes sensibles à ce type de récit - avec le sourire aux lèvres, à chaque générique.

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