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Rencontre avec Sacha Feinern, créateur de Gremlins

Publié le 15/01/2015 par David Hainaut / Catégorie: Entrevue

"Non seulement ce garçon a du talent, mais je pense que si un nouveau Gremlins devait un jour se tourner, c’est lui qui devrait le réaliser".

Faite par le réalisateur américain Joe Dante lui-même (Gremlins I et II), référence du cinéma fantastique, cette prophétie ne pouvait qu’inciter à en savoir un peu plus sur Sacha Feiner.

Rencontre

En 2008, bien malgré lui, Sacha Feiner provoqua un buzz mondial – nous n’exagérons pas – au sein de la large communauté d’amateurs de cinéma de genre. Comment ? En imaginant et en réalisant Gremlins Fan Film, un court métrage parodique qui incrustait ces célèbres créatures dans quelques scènes de différents classiques (Batman, L’Exorciste, Indiana Jones…). Un petit film amateur sans prétention, réalisé dans sa cave qui, grâce à la magie du Net, suscita, outre celle de Dante, l’attention de Rick Baker et Chris Walas (8 Oscars à eux deux), les créateurs des marionnettes Gremlins.

 

"Petit, alors que je m’amusais chez moi à recréer leurs personnages, ces gens étaient mes idoles. Aujourd’hui, ils m’invitent à déjeuner et m’ont déjà proposé leur aide dans la réalisation d’un long-métrage", avoue presque timidement ce réalisateur belge de 32 ans, qui, malgré son socle de fans et ses soutiens prestigieux assez inhabituels à notre échelle, reste suffisamment lucide pour ne brûler aucune étape. On le comprend.

 

Déjà primé à Hollywood !

Sacha Feiner, réalisateur

 

Parmi celles-ci, il y avait, en 2013, la réalisation d’un court métrage, professionnel cette fois (Un monde meilleur), petit bijou mixant réel et fantastique, qu’il a baladé dans une septantaine de festivals, trustant notamment des prix à Athènes, Varsovie et dans plusieurs événements américains, dont le prestigieux Holly Shorts Film Festival.

À Hollywood, il reçut carrément le prix du Meilleur Réalisateur. "Ces voyages m’ont permis de voir que le cinéma que je fais plaisait assez aux Anglo-saxons, adeptes d’un humour grinçant et plus aptes à se divertir. Ailleurs, on va dire que les réactions étaient un peu moins fun (sourire)."

Logique, alors, de lui poser la question : Songe-t-il parfois à orienter sa carrière outre-Atlantique ?

"Par notre éducation à l’image, on a un peu tous le fantasme hollywoodien. Mais ce n’est pas une fin en soi. Moi, j’ai surtout envie de raconter tout ce dont j’ai envie. Ici, je peux, mais là-bas ? Je n’ai pas non plus la prétention d’établir de plan de carrière. C’est trop imprévisible. Dans mes projets, j’en ai d’ailleurs un en Belgique avec des monstres géants, où métaphoriquement, je pourrais partager un tas de choses. Un peu comme Godzilla en son temps, finalement !"

 

L’important ? Le fond, pas le genre

Puis, ces dernières années, notre pays a régulièrement prouvé qu’il pouvait donner une chance aux réalisateurs de cinéma de genre. De Fabrice Du Welz (Calvaire, Alléluia) à Vincent Lannoo (Vampires, Les Ames de papier), sans oublier une génération montante (Christophe Bourdon, Mathieu Mortelmans, Maxime Pasque, Sébastien Petit…).

"C’est encourageant. Jusqu’il y a trois ans, dans toutes les conversations que j’avais dans le milieu, circulait cette idée reçue selon laquelle la Belgique n’était pas, sauf rare exception, l’endroit idéal pour faire du cinéma de genre, qu’on ne pouvait y faire du social et rien d’autre. C’est un discours de frustrés. La chose importante, c’est de faire ce qu’on veut vraiment. Jamais je me suis dit que j’allais me diriger vers le cinéma de genre. Ce qui importe d’abord, c’est le fond, déclare ce garçon davantage influencé par Burton, Gilliam, Haneke ou Tati que les "bouillies numériques actuelles telles que Transformers 4". Et puis, la clé, c’est de savoir bien faire passer son idée vers ceux qui financent. Jusqu’ici, j’ai chaque fois eu le soutien des autorités. Et pourtant là, en ce moment, je suis sur un projet fantastique assez lynchéien !"

 

Quand le fantastique s’anime

Lors de notre passage chez lui, en effet, notre sympathique artisan fignolait seul, avec passion et minutie – à raison de 14 à 16 heures quotidiennes ! - la postproduction de son premier court métrage fantastique… d’animation, Dernière Porte au Sud.

 

 Dernière Porte au Sud en production

 

Il s’agit de l’adaptation de la première bande dessinée publiée par le Belge Philippe Foerster en 1982, ex-plume de Fluide Glacial, le magazine cher à Marcel Gotlib, qui souvent, traînait chez ses grands-parents.

"J’étais bien trop petit pour lire ce genre de revues, mais à force, leur ton et leurs histoires horrifiques m’ont fascinés. Je connais donc l’œuvre que j’adapte depuis une dizaine d’années. Je n’ai jamais vu rien d’aussi fort ! Puis, cette histoire-là est moins horrifique, plus poétique et donc plus universelle que les autres".

Le pitch, pour ce film d’une douzaine de minutes, évoque le destin d’un enfant vivant dans un immense manoir, dont les particularités sont d’avoir une deuxième tête mutante et de n’être jamais sorti de sa maison. Sa principale quête ? Trouver le bout du monde, tout simplement…

 

Un authentique artiste

 

Sacha Feiner, réalisateur

 

L’auteur, qui confie avoir les mêmes références cinématographiques, graphiques et littéraires que Sacha, se montre déjà ravi.

"Il est venu sur le plateau et est assez content qu’on l’adapte. On a toute sa bienveillance, mais j’essaie de faire ça humblement, en restant fidèle au matériau original, y compris dans l’utilisation du noir et blanc."

Tout cela, en étant comme toujours assisté par Chloé Morier (pour les décors notamment), qui n’est autre que sa compagne, et à cette occasion, par l’un ou l’autre techniciens (costumes, éclairage).

"En animation, vu qu’on bosse parfois soixante jours pour 5 minutes, on a un rapport très spécial avec le temps. Mais je préfère cette authenticité que rester face à un écran et fabriquer des choses sans la moindre âme. Et jusqu’au bout, je reste le principal esclave de mon story-board. C’est primordial de s’y tenir."

 

Prêt pour le long

Produit par le dynamique duo Alon Knoll & Grégory Zalcman de Take Five ("Nous voyons en Sacha un futur grand réalisateur", clament-ils eux aussi) - que l’éclectique réalisateur a rencontré lors d’un Brussels Short Film Festival – Dernière Porte au Sud est soutenu entre autres par le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles ainsi qu’Arte.
Et pourrait, pourquoi pas, se retrouver fin prêt pour le prochain Festival Anima, qui se tiendra du 13 au 22 février prochain. Avant de songer à un premier long ? C’est plus que probable.


Pour suivre l’évolution du projet: https://www.facebook.com/pages/Derni%C3%A8re-Porte-au-Sud-Last-Door-South/763759070324830?fref=ts

La chaîne Youtube de Sacha Feiner

https://www.youtube.com/channel/UCxZECYtWZh8kof0erGzrYlA

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