Rosie & Moussa de Dorothée van den Berghe

Rosie, la petite blondinette bien sage, se voit contrainte de déménager de l'autre côté de Bruxelles avec sa mère suite à l'incarcération de son papa adoré. Elle se lie rapidement d'amitié avec son petit voisin intrépide, Moussa. Les deux enfants, des petits ados avant l'âge, font les 400 coups. Des rendez-vous après l'école à côté de la voie ferrée, des escapades interdites sur le toit de l'immeuble, des regards complices pendant les heures de cours. Les deux gamins sont vite inséparables. Rosie trouve rapidement chez ce petit rouleur de mécanique, rappeur à ses heures, un confident, un frère, un amoureux, un repère. Rosie tente vaille que vaille de réunir ses parents séparés, de convaincre sa mère de pardonner, de retrouver sa vie de famille, comme avant.
Alors que l'ouvrage de Michael De Cock et Judith Vanistendael était plutôt destiné aux enfants, Dorothée van den Berghe voulait faire un film qui s'adressait aux jeunes et moins jeunes spectateurs. Le premier niveau de lecture concerne effectivement la relation entre les jeunes protagonistes. Il s'agit de comprendre comment des enfants parviennent à surpasser l'angoisse de la séparation des parents, du changement brutal d'environnement et l'adaptation qui y est corrélée.
Dans une moindre mesure, les adultes pourraient également s'identifier aux parents et tenter de comprendre les difficultés que peuvent connaître les enfants dans ce genre de situation.
Le film connaît deux couches narratives, la première est réelle. Les protagonistes évoluent dans une ville bien existante, Bruxelles qui joue un rôle prépondérant. La seconde est imaginaire, subjective et reflète la réalité telle qu'imaginée par Rosie et Moussa. Un petit côté Michel Gondry dans La Science des rêves, en moins bricole folle, où les plans de la ville s'imprègnent de couleurs, de dessins, un décor onirique, une fenêtre ouverte sur un monde idyllique.
Rosie & Moussa est un film prônant la tolérance: celle d'une enfant qui respecte les choix de ses parents, celle d'une société plus ouverte sur le monde, un film sur le vivre ensemble où les goûts de chacun sont tolérés, même le gardien bedonnant qui fait des claquettes en cachette sur le toit de son immeuble, un film sur les premiers émois. Un film qui pourrait aider certains enfants à répondre à des questions existentielles et universelles dont ils osent à peine parler.