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Sur le tournage du film The Belgian Wave de Jérôme Vandewattyne

Publié le 14/09/2022 par David Hainaut / Catégorie: Tournage

Les OVNIS belges auront leur "documenteur"

Pour ceux et celles qui suivent les coulisses du cinéma belge francophone, le nom de Jérôme Vandewattyne évoque forcément quelque chose. Un paysage dans lequel ce réalisateur au look de rocker dénote depuis plusieurs années déjà. 

Baignant depuis toujours entre le7e art et la musique, ce jeune trentenaire s'est notamment fait remarquer en 2017 avec un premier film autofinancé, Spit'n'split, un faux documentaire dans le monde musical. Une réussite qui lui permet d'être à présent produit (par Take Five), son second film (The Belgian Wave) venant d'être tourné. 

 

Sur le tournage de The Belgian Wave de Jérôme Vandewattyne

 

Fin 2020, en apprenant que le toujours dynamique et jovial Jérôme Vandewattyne faisait partie d'une sélection de quatre cinéastes lauréats du Fonds à Conditions Légères – pour rappel lancé par le Centre du Cinéma trois ans plus tôt en vue de produire des films «atypiques» -, c'est avec une certaine curiosité que nous attendions le tournage de son film The Belgian Wave. Ce qui est donc arrivé cet été.
"Tout s'est très bien passé, mais ça a été intense !", dira d'emblée Vandewattyne lors de notre passage sur le plateau, à l'avant-dernier jour d'un tournage qui en comprenait dix-huit, où l'ancien Hospice Pachéco, dans le centre de Bruxelles, servait de décor, comme ce fut le cas pour la série Unité 42, début 2019.

Entre fiction et réalité

À nouveau présenté comme faux documentaire - ou «documenteur» -, ce deuxième long-métrage nous ramène au début des années nonante. L'histoire ? Alors que la Belgique est frappée par une vague d'observations d'ovnis, le journaliste Marc Varenberg et son caméraman, investiguant sur le sujet, disparaissent dans d'étranges circonstances. Trois décennies plus tard, deux web-reporters rouvrent une enquête pour comprendre ce qui s'est vraiment passé. Entre fiction et réalité, Vandewattyne se plaît à brouiller les pistes.
Et détaille: "En fait, c'est la société Take Five, après avoir vu mon film Spit'n'split, qui m'a proposé un bref résumé de ce scénario, en me disant qu'ils aimeraient revenir sur cette affaire. Mais leur envie était aussi de marier film de genre et comédie. Et ça tombait très bien, puisque ce thème me tient à cœur, vu qu'on parle d'espace, de science-fiction ou d'ufologie (NDLR : vocable désignant l'étude des OVNIS et de phénomènes similaires). D'ailleurs, mon groupe de musique s'appelle VHS From Space ! Bref, tout ça se mélange bien à l'univers coloré voire psychédélique que je recherche. Avec deux scénaristes, Jérôme Di Egidio et Kamal Messaoudi, nous avons alors rentré un dossier, et ça a été le début de cette aventure!" 

 

Sur le tournage de The Belgian Wave de Jérôme Vandewattyne

L'importance d'une bonne préparation

Et qui dit film – à conditions légères, sans doute plus encore – dit travail crucial en amont des prises de vue, de l'écriture aux répétitions avec les comédiens.
Vandewattyne confirme : "Arriver sur le tournage bien préparé, c'est pouvoir se donner certaines libertés quand on filme. Je l'ai souvent remarqué en tournant des publicités : on a un cahier des charges bien précis, mais ça n'empêche pas de s'amuser et d'expérimenter des choses sur le plateau. Du moment qu'on sait tous dans quelle direction on va, évidemment. On donne alors corps aux scènes de comédie et on réadapte parfois des séquences pour les rendre les plus crédibles possibles."

Avec des comédiens qui ont pour nom Dominique Rongvaux, Karim Barras et Karen De Paduwa, cette dernière un peu popularisée depuis son passage dans Le Grand Cactus, sur la RTBF.
"J'avais vu le premier au théâtre, je voulais depuis longtemps travailler avec le deuxième et depuis le temps qu'elle est dans le circuit, je ne comprends pas que la troisième n'ait pas encore eu de rôle principal au cinéma. Ce qu'elle nous propose ici a complètement chamboulé l'histoire!", dit encore Vandewattyne. 

Un sujet de film emblématique

Un récit à cheval sur le présent et le passé donc, et qui sera nourri par des images d'archives. "Dans le film, on utilise symboliquement une Volkswagen Scirocco, qui rappellera un peu la DeLorean de Retour vers le futur (rire). Mais tout ça nous permet surtout de revenir sur une histoire qui a marqué notre pays, en devenant même un phénomène mondial, le FBI étant venu enquêter ! Puis, des faits et des témoignages ont interpellé les scientifiques, ce qui laisse place à plein de théories, fumeuses ou étranges. Même les plus sceptiques ne peuvent nier le phénomène !"
Quant à savoir si cette mixture de genres ne perturbera pas trop certains, le cinéaste rétorque : "Peut-être, mais c'est justement ça qui m'intéresse. À savoir, ce questionnement de la vérité et même de différentes vérités. Ce qui me plaît aussi, c'est d'observer ce que les gens voient dans cette figure de l'OVNI, qui reste un fantasme vieux comme le monde. Dans un domaine où finalement, plus l'homme avance, moins il sait" (sourire). 

 

Séverine Cayron sur le tournage de The Belgian Wave de Jérôme Vandewattyne

Vandewattyne, un éternel passionné

Comme tous les réalisateurs de ce Fonds à Conditions Légères qui l'ont précédé, Vandewattyne, conscient que "Le cinéma n'est pas un art facile", souligne la liberté de création qui lui a été octroyée pour fabriquer son film. Un jeune homme qui reste un acharné de travail, voire simplement un passionné, c'est selon.
"Je n'arrête jamais, c'est vrai, mais je varie les plaisirs en allant de la musique au cinéma, et vice-versa. Pour moi, une journée où je ne crée pas est une journée perdue. J'ai besoin d'être constamment stimulé, sans quoi je m'ennuie vite. Et comme je préfère raconter des histoires plutôt que de regarder la télé ou des jeux vidéos... Et c'est ainsi depuis toujours !

Le cinéma belge et ses petits paradoxes

Enfin, forcément observateur de son milieu depuis maintenant quelques années, ce féru de Werner Herzog pointe – comme d'autres - un paradoxe dans le cinéma belge actuel.
"Les co-productions internationales et le tax-shelter font que les Etats-unis, la France, l'Allemagne ou le Royaume-Uni viennent chez nous en créant parfois un déséquilibre et une inflation (locations de lieux, salaires des techniciens...). Si on souhaite un lieu par exemple (NDLR : à Bruxelles, surtout), certains nous voient arriver avec des dollars plein les yeux, et on doit alors souvent trouver des plans B ! Car pendant que de gros projets étrangers se font ici, les budgets des productions 100% belges eux, n'augmentent pas. Je ne suis pas économiste et des contraintes, même Tarantino en connaît, mais je me demande s'il sera encore bientôt possible de trouver un entre-deux et de continuer à produire des idées originales avec un budget. Ou est-ce qu'un grand écart va se créer entre des méga-productions formatées et des productions libres et fauchées ?", conclut de diplômé de communication (à l'ISFSC de Bruxelles) et qui a à son actif deux saisons de la websérie ertébéenne What The Fake, de nombreuses bande-annonces de cinéma et de publicité (pour la RTBF, The Voice, Les Magritte du Cinéma...).  

Produit par le duo bruxellois Alon Knoll & Grégory Zalcman de Take Five, soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Tax-Shelter, le Fonds Screen Brussels, RTL-TVi et Be TV, The Belgian Wave sortira en 2023.

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