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Tournage de Keeper de Guillaume Senez

Publié le 15/09/2014 par Nastasja Caneve / Catégorie: Tournage

Nouveau défi pour Guillaume Senez qui se lance dans la réalisation de son premier long métrage. Ce jeune réalisateur bruxellois a déjà fait ses preuves avec trois courts : un sur le suicide d'un adolescent, La Quadrature du cercle en 2006, un sur la paternité, Dans nos veines en 2009 et un sur le monde agricole, UHT en 2012. Presque trois ans plus tard, il revient avec le thème de l'adolescence dans Keeper (ex Hors Cadre), un film où Mélanie (Galatea Belugi) et Maxime (Kacey Mottet Klein), 15 ans, sont très amoureux. Mélanie tombe enceinte et Maxime va tout faire pour qu'elle puisse garder cet enfant.

Chi va piano, va sano… e va lontano

En route pour Waterloo, à la rencontre de l'équipe de Keeper, le nouveau film de Guillaume Senez, déjà en pleine préparation pour la prise qui va suivre. Guillaume est concentré, il vérifie tout. La scène se tourne dans une camionnette, on ne peut rien voir, rien entendre. "Silence, ça tourne!" On attend. Guillaume n'est pas satisfait : "On refait". Même scénario, une bonne dizaine de fois. "Elle est bonne". On essaie de s'immiscer, mais ce n'est pas le moment. Catherine Salée et Sam Louwijk sont arrivés au maquillage. On attend… "J'ai un peu de temps", nous dit Guillaume, entre deux prises. Soulagement. Dix minutes plus tard, il se remet déjà au travail avec ses deux comédiens, Galatea et Kacey. Ce dernier nous confesse, en vitesse, que Guillaume ne leur a pas fait lire le scénario dans son entièreté, qu'il préfère travailler en impro, au jour le jour, avec ses acteurs, plutôt excités de travailler "à l'arrache".

Cinergie : Pourquoi avoir choisi le thème de l'adolescence ?

Sur le tournage de Keeper de Guillaume SenezGuillaume Senez : J'aime bien filmer les adolescents de manière générale. Ils présentent un aspect très cinématographique. J'aime également filmer des choses que j'ai moi-même connues. Ce n'est pas pour rien qu'il y a autant de premiers longs métrages sur les adolescents. On parle d'abord de choses qu'on a vécues, qu'on connaît. C'est plus facile que de parler de la vieillesse, par exemple. Donc, il y avait, en amont, cette envie de filmer l'adolescence et un amour adolescent, par dessus tout. Après, ce qui m'excitait dans cette histoire, c'est que je suis père de deux enfants, je sais ce que c'est, et j'avais envie de parler de l'impuissance de la masculinité face aux grossesses adolescentes. On voit toujours des points de vue féminins sur le sujet, on suit le personnage d'une fille adolescente, tiraillée entre raison et émotions, mais on oublie souvent de parler de ce que ressentent vraiment les garçons. L'idée de ce film, c'est aussi de suivre le point de vue de Maxime. Il n'y a pas une séquence où il n'est pas présent, on suit son prisme du début à la fin.

C. : Comment s'est déroulé le travail avec David Lambert, le coscénariste ?

 

G.S. : On avait déjà travaillé ensemble pour Dans nos veines, un court métrage que j'ai réalisé en 2009. La collaboration s'est très bien passée, et c'est lui qui est venu me proposer d'écrire un long. Je n'avais pas encore de sujet à ce moment-là donc les choses ont un peu tâtonné pendant un an, on s'est vu toutes les semaines, on faisait des séances de 3-4 heures, on réfléchissait et, petit à petit, les choses sont sorties, ça a changé, ça a évolué. Le processus d'écriture sur ce film a été assez long.

C. : Ton autre passion, le football, intervient également dans ce film…Surle le tournage de Keeper de Guillaume Senez

G.S.: Le football, c'est une espèce d'arène, de nappe phréatique du film. C'est un milieu que je connais bien, j'ai beaucoup joué étant jeune, je joue encore un peu maintenant, mais de manière très amateur et j'ai moi-même été coach de foot. Je trouvais que ça faisait écho à cette idée d'impuissance. Un gardien de but ne peut pas faire évoluer le résultat : il peut sauver les meubles, empêcher que ça évolue négativement mais ce n'est pas lui qui va faire gagner le match. C'est encore cette idée d'impuissance qui fait écho à l'histoire de Maxime qui tente de garder cet enfant : en vérité, il n'a le choix de rien. Si elle décide d’avorter, de faire adopter l'enfant, de le garder, peu importe ce qu'elle décide, Maxime ne peut pas faire grand-chose… à part influencer. Le rôle du gardien de but, c'est un peu ça. Il peut influencer, mais c'est tout.

Ce sont également deux enfants qui essaient de grandir plus vite qu'ils ne doivent, ils finissent par se brûler un peu les ailes et on retrouve cette idée dans le football. On donne des responsabilités très vite à des gamins qui ne sont pas encore prêts intellectuellement, émotionnellement à vivre des choses.

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