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Miel Van Hoogenbemt : Man zkt Vrouw (Pas sérieux s’abstenir)

Publié le 12/09/2007 par Dimitra Bouras et Katia Bayer / Catégorie: Entrevue

Après avoir honoré longuement (25 ans) la case documentaire, Miel Van Hoogenbemt a signé son premier long en 2005 avec Miss Montigny. La fiction n’a pas fini de le tarauder puisque le 6 novembre dernier, débutait le tournage de Man zoekt Vrouw (Pas sérieux s’abstenir), son premier film flamand mais également son premier scénar’. Des questions à lui soumettre ? Natuurlijk.

 

Cinergie : Ce n’est pas la première coproduction des deux côtés de la frontière à laquelle tu participes. Comment est-ce que cela se passe ?
Miel Van Hoogenbemt : C’est en tout cas mon premier film flamand, ce qui est assez nouveau pour moi parce que toute ma filmographie est francophone. Donc, sur ce premier film flamand, il y a bien sûr aussi des partenaires francophones; je pense que cela va de soi. On est cinéaste en Belgique et on essaye de monter une production avec les deux communautés, ce qui est, je pense, réellement la meilleure chose à faire. L’équipe est tout à fait bilingue, il y a des comédiennes et des techniciens francophones et ça se passe à merveille parce qu’il n’y a pas de barrière, de frontière dans le cinéma.

 

C : Comment se fait-il que ce soit ton premier film flamand ? Qu’est-ce qui s’est passé ?
M.V.H. : Il y a 25 ans, quand j’ai commencé dans le cinéma, j’ai fait des documentaires. À ce moment-là, primo, il n’y avait pas de sujet flamand à tourner parce que je venais de Bruxelles et secundo, il n’y avait pas d'argent pour les documentaires flamands. Donc, j’ai toujours fait des films francophones parce que là, des institutions comme le CBA, comme la Communauté française pouvaient m’aider. En Flandre, l’aide au documentaire est venue beaucoup plus tard. Elle a été créée il y a 8 ou 9 ans, je pense. Ça faisait déjà quand même 15 ans que je faisais des documentaires. Comme d’autres de mes collègues, Rob Rombout par exemple, j’introduisais aussi mes documentaires en Flandre mais on me disait toujours : « on n’a pas les sous ». Peut-être que ça a suscité un jour la réflexion chez les décideurs que ce serait bien de donner aussi de l’argent à une autre forme de cinéma. Parce que le documentaire, c’est aussi du cinéma.

 

C : Tu as tourné la page par rapport au documentaire ?

M. V.H.  : Non, pas du tout. Si un jour, je vois un sujet qui serait mieux traité en documentaire, je le tourne en documentaire. Et si je vois qu’il serait mieux en fiction, je le fais en fiction. J’ai fait onze documentaires et les deux fictions que j’ai faites jusqu’ici s’en sont inspirées. Donc, je peux peut-être encore faire neuf autres fictions avant de retourner au documentaire ! Je ne prévois pas pour le moment un documentaire à long terme. J’ai d’autres projets de fiction mais la vie va vite. Peut-être que demain, en me réveillant, je vois quelque chose qui m’intéresse pour en faire un documentaire et je le fais. Enfin, j’essaye de le faire.

Portrait de Miel Van Hoogenbemt réalisateur de Man zkt Vrouw (Pas sérieux s’abstenir)

C : Aujourd’hui, il y a un matériel qui permet une toute autre offre.

M. V.H.  : Il y a une évolution dans le documentaire. Dans ma génération, on tournait en film, en pellicule. Si on tourne en pellicule, on doit beaucoup plus maîtriser qu’en vidéo parce qu’en vidéo, on a des cassettes de trois heures, on peut laisser tourner. Ici, quand on fait un film, ça coûte cher. Mon premier documentaire a été fait avec 300.000 francs belges, ce qui est peu. Ça équivalait, je pense, à 7.500 euros. Il était tourné en 16 mm. J’avais 10 bobines et c’est devenu un film de 26 minutes. À ce moment-là, on se prépare plus et donc, on sait beaucoup plus ce qu’on va faire. Je pense que c’est déjà le début d’un documentaire de création. Pourquoi ? Parce qu’on doit créer pour le faire. On doit penser avant et puis, filmer. D’ailleurs, c’est toujours la première chose que je dis à mes étudiants, à  Saint-Lukas, l’école supérieure pour le cinéma, en flamand : « en documentaire, si on prépare une grande partie des séquences, on fait un documentaire de création. Ce n’est pas plus et ce n’est pas moins : il ne faut pas faire du symbolisme ni des choses spéciales mais savoir se cadrer. Ce n’est pas une critique mais c’est vrai que la nouvelle génération de documentaristes a cet instrument qui s’appelle le DVCAM, le DV ou le MiniDV et on filme, on filme et on filme. Et on fait le film en montage, ce qui n’est pas mal non plus mais bon…

 

C : Cette partie flamande est un retour aux sources pour toi ?

M. V.H.  : Non, pas du tout. En fait, Man zoekt Vrouw (Pas sérieux s’abstenir), est mon tout premier scénario, mon tout premier projet en fiction. Il y a 12-13 ans, j’ai commencé à travailler en fiction sur « Wittekerke», une série de la VTM qui existe encore. Je me suis dit : « je ne vais pas m’enterrer là-dedans, je dois avoir d’autres projets. » Dans le temps, Hubert Toint m’a fait rencontrer Pierre De Clercq qui, à ce moment-là, n’était pas un scénariste très connu et qui a fait après toutes les séries à succès dont « Flikken ». C’est pour ça aussi que ça a pris un peu plus de temps : nous avons fait notre bout de chemin séparément. C’est Miss Montigny, mon film précédent, qui a été la locomotive pour à nouveau redémarrer ce projet-ci.

 

C : Pourquoi y a-t-il une différence entre l’intitulé du film en flamand et celui en français ?

M. V.H.  : Ah, ça, c’est une bonne question. Dans le temps, c’était la traduction littérale de « pas sérieux s’abstenir » et puis, on a obtenu la coproduction avec la Hollande et aux Pays-Bas, ils ne connaissent pas cette expression-là donc, il en fallait une autre. Très vite, le titre Man zoekt Vrouw est tombé parce que toutes les annonces commencent comme cela et puis, c’est un titre très commercial.

 

C : Mais « pas sérieux s’abstenir » marque plutôt la fin de l’annonce alors que « homme cherche femme », c’est son début !

  1. V.H.  : Oui, tout à fait. Mais je ne pense pas que ça va changer grand chose dans le titre français parce que j’aime assez bien la notion « pas sérieux s’abstenir ». Ça correspond assez bien avec le contenu mais bon, Man zoekt Vrouw est un titre avec lequel je peux facilement vivre ! Je le trouve assez accrocheur en fait et ça, dans le paysage cinématographique, c’est important.

Extrait de Miss Montigny de Miel Van Hoogenbemt

J’ai peut-être fait une gaffe en choisissant un titre comme Miss Montigny : tout le monde me disait : « Montigny, pff, encore un film sur la Belgique. » Les wallons n’aiment pas vraiment le cinéma francophone donc j’aurais peut-être mieux fait de l’appeler « Miss in Dreams, la fiction » par exemple… [En 2002, Miel signa Miss in Dreams : un documentaire sur la vie, les espoirs, les rêves de quelques jeunes filles qui se présentent pour l’élection de Miss Schaerbeek. Thème pas très éloigné de la fiction qui l’a suivi donc…]

C : Tu disais que tu t’es inspiré de tes documentaires pour faire tes fictions. Tu peux nous dire deux mots sur celui qui est à l’origine de ce film ?
M. V.H.  : Oui. En 1991, j’ai fait un documentaire intitulé On ne vit qu’une fois et qui traitait de l’amour et des personnes âgées. Celles-ci prenaient la décision de faire quelque chose dans leur vie émotionnelle : soit elles commençaient une relation à 87 ans, soit elles divorçaient à 70 ans, après 20 ans de dispute. Dans ce film-là, il y avait aussi un petit sujet sur trois personnes qui cherchaient une femme ou un homme par annonce, à travers le journal. Pendant la préparation, j’en ai vu une bonne centaine, des gens comme ça. Je suis très éthique donc, quand je filme quelqu’un, je le préviens de tous les inconvénients qui peuvent découler du fait qu’on le filme; surtout pour un sujet pareil. Il n’y en a que trois qui ont accepté d’être filmés mais [en ce qui concerne] les centaines d’autres, je me disais qu’il fallait absolument que je fasse quelque chose en fiction là-dessus parce que j’ai entendu énormément de misère mais aussi plein de situations humaines et drôles. Quelqu’un me disait : « pour ma première rencontre, on avait prévu comme signe de reconnaissance le journal Le Soir. J’arrive dans le bistrot et il y a 15 femmes avec Le Soir ! Je ne savais pas qui elle était donc, je suis parti. » Ça m’a fait rire mais quelque part, je me mets déjà à la place de cette personne-là parce je me dis : « on s’est pomponné, on s’est fait tout beau, on a fait des rêves et puis, il est brisé comme ça. »

C : Est-ce que tu peux un petit peu nous parler de ce film ?
M. V.H.  : En deux mots ce film traite d’un directeur d’école qui prend sa pension. Sa femme est morte depuis 5-6 ans, il se fait plaquer par sa maîtresse et est aussi abandonné par sa femme de ménage qui rentre en Roumanie. Il se retrouve donc seul. Il décide de chercher une femme pour commencer une nouvelle vie. Son voisin va l’aider dans cette entreprise et va surtout lui montrer le chemin vers Internet. Et ce directeur d’école, le pauvre, n’arrive pas à se décider : toutes les femmes commencent à se croiser et à s’entrecroiser [dans sa vie] … Et le reste, c’est au cinéma parce qu’il y a plein d’autres choses encore !

C : Peux-tu nous parler du travail avec Jan ?
M. V.H.  : J’avais très peur de travailler avec Jan Decleir. Je l’ai rencontré sur un film de Frans Buyens, Du temps pour être heureux, tourné en 82. J’y étais stagiaire et à ce moment-là, je faisais tout le temps la fête  avec Jan. Je ne sais pas pourquoi mais on se retrouvait toujours avec lui dans le bistrot le soir ! Après je ne l’ai plus revu sauf dans les films qu’il a fait. Mon respect grandissait et puis, j’ai découvert quelqu’un de très humble, discret, concentré et qui est un merveilleux comédien. C’est sans doute un des meilleurs comédiens avec lequel j’ai travaillé. Dieu sait que j’en ai déjà vu quelques dizaines. Il est toujours juste, toujours… Il ne faut même presque pas le diriger. Ça, c’est la relation avec Jan Decleir.

C : Et en ce qui concerne Maria Popistasu ?
M. V.H.  : Maria a été élue « Shooting Star » par la Communauté Européenne au Festival de Berlin. Donc, pendant une année, elle va faire tous les marchés de tous les grands festivals comme Cannes, Berlin, Venise pour se présenter. Et ça, c’est très chouette pour elle en premier lieu et pour le film aussi. Maria est une très bonne comédienne. Elle a joué entre autres dans une mini-série de la BBC qui s’appelle « Sex Trafic ». Si vous ne l’avez pas vu, il faut le voir : c’est vraiment fabuleux.

C : Comment l’as-tu rencontrée?
M. V.H.  : On a fait un casting à Varsovie. Pendant 3-4 jours, on a vu une trentaine de comédiennes. Il était prévu, comme le scénario a été écrit par Jean-Claude Van Rijckeghem, Pierre De Clercq et moi-même, qu’il y ait l’unanimité pour le choix des comédiens. Or, dans les 30 comédiennes qu’on a vues à Varsovie, il n’y avait pas l’unanimité. Et puis, Pierre m’a dit : « mais il y a quelqu’un : une petite roumaine formidable qui joue dans une mini-série de la BBC. » Et c’est très drôle parce qu’elle avait déjà joué dans un téléfilm de la BBC avec le chef op’ anglais avec lequel j’ai fait Miss Montigny [ Nigel Willoughby ]! Donc, le monde est petit !

C : C’est vraiment très européen comme tournage : du flamand, du français, du roumain…
M. V.H.  : Oui, c’est très européen comme Miss Montigny l’était aussi : il y avait les Anglais, les Luxembourgeois, les Français, les Flamands, les francophones… J’aime bien les tournages internationaux ! Européens en tout cas…

Entretien avec Manuela Servais

Dans Man zoekt vrouw, elle campe Anne-Marie, une internaute qui fait la connaissance de Léopold. Dans ce film flamand, on l’a autorisée à se doter d’un petit accent mignon - francophone. Même pas peur, Manuela : elle l’aime bien, la langue voisine, ça cadre plutôt avec son rôle, ça remplace l’immersion dans la ferme utrechtienne et ça permet de rencontrer de nouvelles têtes (y compris roumaines). Parallèlement à la présence de comédiens flamands jouant en français dans les films francophones, une nouvelle carrière s’ouvrirait-elle en Flandre pour les francophones?

Cinergie : Peux-tu nous parler de ton personnage ?
Manuela Servais : Léopold - Jan Decleir dans le film - est un professeur qui prend sa retraite et qui, suite aux conseils d’un ami, va tenter de trouver une femme qui lui convienne comme compagne. Il va sur Internet et je suis une des femmes qu’il va y rencontrer. Voilà, alors, à la façon Test-Achats, je peux dire qu’il a le maître choix ! On entre aussi dans une autre tranche de la question du personnage proprement dit. C’est cette étrangeté de rencontrer un homme qu’on ne connaît que sur une photo probablement, qui nous a donné quelques caractéristiques et à qui on en a donné d’autres. Déjà, comment se définir ? Qui est-on ? Comment dire qui on est en quelques lignes? Parce que sur Internet, c’est vraiment ça : il faut essayer de trouver quelques adjectifs et pas plus. Alors qu’une femme, pour moi, est multiple. Un jour, elle est comme ça, le lendemain, elle est différente. Au plus elle se définit, au plus elle est le contraire, si je puis dire (rires) !Portrait de Manuela Servais actrice dans Pas sérieux s’abstenir

C : Donc, toi, tu es une potentielle « droompartner » (partenaire de rêve)?
M.S. : Moi, je suis en tout cas une partenaire que Léopold a sélectionnée. Donc, j’imagine qu’il s’en est tapé des centaines avant d’en sélectionner quelques-unes. Enfin, je ne sais pas comment ça marche; il faudra le lui demander. Apparemment, je conviens à ses critères. Après, reste à être convaincu l’un par l’autre de l’utilité, du plaisir qu’on a à être ensemble et puis, de construire, si c’est ce qu’on cherche.

C : Dans ce film, tu parles flamand. Comment est-ce que ça se passe pour toi de travailler dans une autre langue ? Est-ce la première fois ?
M.S. : C’est la première fois que je tourne dans un film en néerlandais. Il faut préciser que dans le scénario, il est indiqué qu’elle [Anne-Marie] peut avoir un accent francophone. Donc, j’étais très intéressée par le projet de jouer dans un film flamand. D’abord, artistiquement, simplement pour ouvrir de nouveaux horizons. Je l’ai déjà fait : une petite participation dans un film allemand il y a quelques années. Etant donné que ma maman est allemande, j’avais plus de facilité à maîtriser cette langue-là sans être bilingue pour autant. Avec Miel et Jan (celui avec qui j’ai la plupart de mes scènes), on a fait une lecture. J’ai essayé de comprendre le sens des scènes sans me limiter à traduire avec mon petit dico ce que voulaient dire les mots. Et puis après ça, c’est un travail de répétition. Je dirais que finalement, c’est assez simple, dans la mesure où le néerlandais, en Belgique, on en a tous fait à l’école. Mais comme je n’ai jamais eu à le pratiquer dans mon métier, ça me paraissait loin même si les bases reviennent assez vite quand même. Il faut de l’entraînement. En fait, c’est un travail comme un autre, dans le sens où dans une pièce de théâtre ou dans un autre film, on travaille beaucoup certains aspects. Ici, j’ai juste eu à travailler celui-ci un peu plus. Une fois que le texte est assimilé, c’est très agréable. Ce qui est le plus difficile paradoxalement, c’est tout le reste, c’est-à-dire la relation aux gens sur le tournage parce qu'ils sont tous Flamands. Et là, je devais improviser, ce qui est beaucoup moins évident quand on n’est pas bilingue. Mais c’est une immersion totale : c’est fantastique parce qu’on apprend. Toute occasion est bonne d’apprendre des langues, quelles qu’elles soient. Je trouve que c’est enrichissant, ça ouvre l'esprit.

C : Et le travail avec Miel s’est passé dans quelle langue ?
M.S. : Le travail avec Miel était souple étant donné qu’il est bilingue. Il donne des indications en néerlandais. Si je ne comprends pas, je peux lui demander : « tu ne veux pas me dire ce que veut dire ce mot-là ? » Pas de risque de malentendu entre nous… Il n’y a aucun problème avec Miel : il est attentif, il donne les mêmes indications en français qu’en néerlandais, j’imagine ! Ça ne change rien pour lui comme pour moi. Mais je le remercie sa confiance en convainquant aussi toutes les équipes de productions belges et hollandaises d'avoir accepté de travailler avec une francophone, parce que ce n’est pas évident non plus au départ.

C : Avantage direct de la coproduction : découvrir des réalisateurs, des comédiens et des techniciens flamands ainsi que viser l’ouverture ?
M.S. : C’est certainement un avantage de la coproduction. Pour moi, tout ce qui va dans le sens d’une réduction est lâche : c’est petit, ce n’est plus de notre époque. C'est pareil en politique. Il faut s’ouvrir. Il faut peut-être s’arranger pour que chacun s’y retrouve mais je pense qu’il faut vraiment aller vers l’autre. (…) Bon, il y a toujours un moment où le non bilinguisme évident des francophones les limite. Moi, je ne fais qu’encourager tout le monde à travailler ces langues pour avoir ce genre d'expériences. Elles sont très intéressantes. (…) J’espère que Pas sérieux s’abstenir ne sera pas le dernier shot et que ce sera le début d’une longue série en Flandre parce qu’en plus, c’est intéressant sur le plan culturel. C’est très différent de ce qu’on peut voir ailleurs, en France ou en Belgique francophone.

C : Tu peux nous parler des scènes « bénéfiques » tournées aujourd’hui ?
M.S. : Sans révéler tout du film, il s’agissait de deux scènes avec Jan avec lequel j’ai un contact discret mais intense, une complicité un peu à part mais qui est très chouette aussi. C’est quelqu’un de très concentré, de très attentif. La première scène, c’était la première rencontre chez lui. Moi, j’étais un peu coincée, un peu sur la réserve parce qu'il me proposait de venir voir les lieux, de découvrir un peu son univers.Portrait de Manuela Servais actrice dans Pas sérieux s’abstenir
Après, on fait un grand saut dans le temps. Je ne veux pas tout dévoiler, mais la dernière scène est un peu plus triste et tragique parce que les choix à faire entre toutes ces femmes ne sont peut-être pas, de manière générale, toujours évidents. On cherche à trouver des justifications. On ne les a pas forcément. Le mensonge peut intervenir quand il y en a plusieurs (rires). Que dire à l’une ? Qu’est-ce qu’on a dit à l’autre ? Enfin, si on commence à mentir, il faut être très intelligent pour bien le faire jusqu’au bout et ne pas se tromper de cible ! (rires)

C : Ou bien il faut avoir des fiches !
M.S. : Voilà (rires) ! Des petites fiches ou des trucs, des moyens mnémotechniques pour se rappeler. Sinon, on s’approche d’une fin. Alors, positive ou négative, ça, on ne le dira pas. En plus, c’était ma dernière scène de tournage dans le film. C’est toujours émouvant quand les gens disent : « c’était la dernière scène… »

C : Sur le tournage, on a le sentiment que tout le monde est très décontracté.
M.S. : Certainement. Je pense qu’on sent immédiatement quand l’ambiance est bonne sur un tournage. Alors là, je peux utiliser le mot « bénéfique » vraiment au sens premier du terme. Ça l’est pour tout le monde parce que nous travaillons dans un état de concentration détendu et puis, l’efficacité est au rendez-vous. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de dispersion d’énergie dans des choses inutiles (conflit, perte de temps,...). Enfin, chacun fait ce qu’il a à faire au moment où il a à le faire. Et c’est très bien. Je dois dire qu’évidemment, je n’étais pas là tous les jours comme eux qui, depuis plusieurs semaines, sont là courageusement du matin au soir, parfois même la nuit. Mais quand on vient de l’extérieur, on ressent d’autant plus vite quand l’ambiance est bonne ou pas, comme vous. Et effectivement, c’est ce que je sens aussi. Donc, j’espère que ça aura une répercussion sur le résultat. Personne ne peut le dire à ce stade-ci mais en général, ça dénote quand même une confiance mutuelle entre les gens de l’équipe ?

C : Des projets ?
M.S. : Mademoiselle Servais, avez-vous des projets ?! Eh bien, oui, certainement ! Pas de cinéma immédiatement. Je vais tourner un téléfilm en France le mois prochain et puis, j’ai d’autres projets de théâtre en préparation pour la saison d’après. Mais tout va bien. Et sur le plan privé, plein de projets aussi (rires) ! C’est toujours bon à prendre parce qu’il n’y a pas que le cinéma dans la vie !

C : Tu souhaites ajouter quelque chose ?
M.S. : Avec bienveillance, je repense avec plaisir à mon passage sur le film, à l’expérience de la langue, au personnage, à la relation que je peux avoir aux gens comme Miel et les producteurs qui ont une attitude parfaite. Mais sinon, peut-être, juste dire un mot sur la démarche de travailler dans une autre langue. Ça peut sembler un défi de passer du français au néerlandais comme je le fais. Mais ce que j’admire bien plus, c’est la démarche de Maria [Popistasu] qui, elle, passe du roumain au néerlandais. Tout à l’heure, on parlait entre nous de la qualité du jeu qui doit peut-être changer avec une autre langue ou pas. Et je me demande comment ça se passe pour elle. Moi, je maîtrise quand même bien le sens du néerlandais mais est-ce qu’elle le maîtrise aussi bien et est-ce qu’il n’y a pas encore un degré de difficulté supérieur au style du jeu ? J’ai beaucoup d’admiration pour elle parce qu’elle est paraît-il très bien. Je n’en doute pas; je l’ai senti sur le plateau. Et je trouve ça vraiment fantastique. Je lui adresse indirectement mon admiration parce que vraiment, il faut le faire! Idem pour tous les autres que je n’ai pas forcément beaucoup croisé puisque j’avais surtout des scènes avec Jan…

 

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