En juin 2017, la Fédération Wallonie-Bruxelles organisait l'Opération "50/50, Cinquante ans de cinéma belge, Cinquante ans de découvertes" qui mettait à l’honneur 50 films marquants de l’histoire du cinéma belge francophone. Ces films sont ressortis en salle pendant toute une année et de nombreux entretiens ont été réalisés avec leurs auteurs. Le site internet qui se consacrait à cette grande opération n'étant plus en activité, Cinergie.be a la joie de pouvoir aujourd'hui proposer et conserver tous ces entretiens passionnants où une grande partie de la mémoire du cinéma belge se donne à lire.
La filmographie de Joachim Lafosse, déjà dense, témoigne d’une volonté affirmée de se frotter à des sujets âpres et complexes, que d’aucuns jugent tabous, pour les rendre plus accessibles grâce au medium cinématographique. La route de l’enfer est pavée de bonnes intentions : au cœur de ses films se succèdent des personnages souvent psychotiques, qui partant pour faire le bien, sèment les graines du mal. Tout est question de limites, ou plutôt, de leur absence. Le père de Folie privée ne parvient pas à se défaire du lien qui l’aimante à sa famille, de même que les frères de Nue propriété. Incapables d’assumer l’autonomie qui leur est imposée, leur amour se fait violence. Comme plus tard A perdre la raison, Folie privée et Nue propriété mettent en scène des monstres, au sens littéral du terme, non pas tant pour expliquer leurs actes que ce qui a pu les amenés à les commettre. Comment ces hommes et ces femmes, semblables à nous, et surtout, animés de bonnes intentions, transgressent nos limites, des limites qui leur font défaut.