Y a-t-il un seul enfant nourri au sein de nos terroirs wallons qui n'aie pas dans sa mémoire le souvenir fugace d'au moins un livre d'Arthur Masson? Si je pose la question, c'est que l'écrivain fait chez nous figure de phénomène littéraire, avec certains de ses romans ayant largement dépassé le chiffre ahurissant, pour un auteur patoisant de Wallonie, de 100.000 exemplaires vendus.
Arthur Masson, l'homme qui écrivait des livres de Gérald Frydman
Et moi aussi, parlez-moi de Toine Culot, de Thanasse et Casimir, de Barrettes et casquettes, et c'est des pans entiers de mon enfance qui me reviennent en tête, avec une formidable faculté d'évocation, pour me chatouiller la gorge, le nez, les oreilles et les yeux. Gérald Frydman n'est sans doute pas loin de partager cette mémoire, et c'est en lecteur attendri qu'il signe cette évocation classique de la figure du fin grammairien, qui n'hésitait pas à entrelarder son français châtié de dialogues populaires, en wallon bien de chez nous. Les livres bon enfant d'Arthur Masson racontent de manière pittoresque des scènes villageoises de l'Ardenne et de la Gaume. Le réalisateur les anime de la voix chaude et rocailleuse de Julos Beaucarne et les met en parallèle avec la vie de leur auteur, évoquée au moyens d'interviews de ses proches et de discours d'Arthur Masson. A l'aide d'extraits de l'émission "Inédits", il montre à quel point ces livres s'inscrivaient dans le tissu populaire de la Wallonie de l'époque. Un portrait marqué au coin du souvenir, et qui vient sans doute à son heure, au moment où l'éditeur Racines ressort en libraire, à grand renfort de publicité, les œuvres complètes de l'écrivain.