Le cadeau de la grand-mère
On connaissait Pierre Duculot, comme enseignant, journaliste, critique de cinéma, organisateur et programmateur de festivals, scénariste puis réalisateur de deux courts métrages : Dormir au chaud et Dernier voyage. Et, chez cet homme déjà bardé d'expériences diverses dans le monde du cinéma, affleure au moment de présenter son premier long, une angoisse bien compréhensible et sympathique. Compréhensible parce qu'il s'agit toujours d'une étape cruciale pour un réalisateur amené à faire sur la longueur la preuve de sa maîtrise, et sympathique car on sent que, chez Pierre, l'enjeu va bien au-delà, et renvoie à son amour profond de la chose cinématographique. Aussi parce que l'homme, qui n'aime pas le travail solitaire, s'est entouré d'une équipe de jeunes professionnels passionnés qui font corps autour du film de façon quasi fusionnelle et qu'on a l'impression de voir non le projet d'un individu mais d'une équipe qui le défend avec le même enthousiasme juvénile.
Au cul du loup est un film d'une grande cohérence, sensitif et sensuel, porté par une Christelle Cornil impliquée au fond des tripes dans son personnage et magnifié par le remarquable travail du chef op' Hichame Alaouié qui gère parfaitement la transition des lumières entre les paysages sombres du pays noir et les panoramas éclaboussés de soleil de la haute Corse. Ce travail sur la photo est un des enjeux essentiels du film, car Au cul du loup est d'abord un passage de l'ombre à la lumière. Ce passage, c'est celui de Cristina, la jeune femme incarnée par Christelle Cornil, déterminée à sortir de l'ombre projetée de ses proches pour s'affirmer dans un choix de vie essentiel.