En juin 2017, la Fédération Wallonie-Bruxelles organisait l'Opération "50/50, Cinquante ans de cinéma belge, Cinquante ans de découvertes" qui mettait à l’honneur 50 films marquants de l’histoire du cinéma belge francophone. Ces films sont ressortis en salle pendant toute une année et de nombreux entretiens ont été réalisés avec leurs auteurs. Le site internet qui se consacrait à cette grande opération n'étant plus en activité, Cinergie.be a la joie de pouvoir aujourd'hui proposer et conserver tous ces entretiens passionnants où une grande partie de la mémoire du cinéma belge se donne à lire.
A l’aise sur des terrains aussi divers que la passion amoureuse (Cages), le film militant (Illégal) ou le thriller politique (Le sanctuaire), Olivier Masset-Depasse a su imposer un style nerveux et dynamique, s’épanouissant dans de véritables films d’actions psychologiques. Des films d’action psychologiques, c’est ainsi qu’Olivier Masset-Depasse décrit ses oeuvres. De ses premiers courts métrages à son deuxième long métrage Illégal, Masset-Depasse livre un cinéma tout en tension, caractérisé par un montage nerveux, et une caméra inquisitrice qui fouille les corps et les âmes. Il filme l’enfermement, et la quête d’émancipation ; le manque de communication, et les conflits relationnels qui en découlent ; la violence des sentiments, exacerbés par un travail tout en contraste sur l’ombre et la lumière. Un cinéma sensoriel, marqué par sa pratique forcenée du dessin enfant et adolescent, son admiration pour des peintres de la chair comme Bacon, Ensor ou Bosch, ou pour l’ "Elephant Man" de Lynch, véritable choc esthétique qui le propulse vers le cinéma. Formé à l’IAD, son premier court métrage, Chambre froide (2000), contient en germe les éléments fondateurs de son œuvre à venir. Un couple mère/ fille, confiné dans la boucherie familiale, se déchire sauvagement, entre amour et haine. Déjà, l’incommunicabilité bride les sentiments, et l’affrontement des cœurs et des corps inonde l’écran. Déjà, Anne Coesens prête sa détermination et son incroyable densité aux traits de l’héroïne créée par Masset-Depasse, comme elle le fera dans les films suivants. Déjà, Tommaso Fiorilli éclaire les contrastes, les zones d’ombre.