Mes sept lieux, tel est le titre du prochain film de Boris Lehman que vous pourrez bientôt découvrir. Dans le numéro 79 de la revue Trafic, Boris Lehman écrit : « Il est vrai que j'aime bien dévier, digresser, éviter de répondre aux questions, prendre les chemins de traverse, sortir des sentiers battus, me laisser emporter par la vague ou le vent. Je me suis toujours tenu pour marchant sur la frontière, nomade, sans réel domicile fixe. Là ou je pose le pied, je considère que c'est chez moi. » Ces entrelacs ne sont pas que spatiaux, ils visitent aussi la mémoire du passé tel qu'il nous reste dans les archives de la pellicule cinématographique et qui donne sens à notre vie active.
Des films sur le temps qui passe à partir de carnets de notes et des rouleaux de pellicule. Les fragments des unes s'enchâssent dans les autres, offrant des instants suspendus, des souvenirs de la vie courante de maintenant et d'avant.
Cinergie, appelé à travailler l'été 2012 avec Boris Lehman près du Canal de Willebroek, a filmé quelques plans : Dimitra Bouras à la perche, Arnaud Crespeigne à la caméra, Karine Devillers à l'œilleton de la caméra de Boris qui parcourt cet espace en marchant. Cinq mois plus tard, il monte quatre étages et se retrouve, en ce jour de décembre 2012, à Cinergie.be. On lui offre un dialogue plus impromptu que De la brièveté de la vie de Sénèque (1), un livre qu'il lit dans Histoire de mes cheveux, ce beau film où ses cheveux ressemblent à la pellicule argentique utilisée par les caméras 8 et 16 mm et où l’on découvre son corps blanc momifié par la pellicule noire.
L'équipe met un micro-cravate derrière sa veste avant de le filmer. Boris n'aime pas trop ce genre d'exercices où il est filmé sans qu'il sache trop ce qui va se passer ensuite au montage.