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Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés de Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau

Publié le 10/11/2006 par Philippe Simon / Catégorie: Sortie DVD

Le dernier opus de Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil, Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés et le court métrage qui le prolonge et le complète, Mon diplôme, c'est mon corps viennent de sortir en DVD et c'est une bien bonne chose.

Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés de Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau

Comprendre notre présent  

Films à voir et à revoir, ils sont d'une importance décisive pour ceux qui tentent d'appréhender les changements et les conflits qui agitent notre société. Posant la question de la souffrance au travail, la démarche que suivent Sophie Bruneau et Marc-Antoine Roudil part du particulier pour mieux interroger le général. Rendant compte de situations de détresse graves avec beaucoup de justesse et de sensibilité, c'est le travail et ses transformations qu'ils mettent en cause, et ce, d'un point de vue critique qui interdit toute indifférence. Impossible d'ignorer ces questions qui traversent les deux films : qu'en est-il aujourd'hui de ces notions de "monde du travail" et de "classe ouvrière", qu'elles sont les nouvelles données de l'exploitation du travail humain et en quoi bouleversent-elles nos repères, nous obligeant à penser autrement les questions de solidarité et de refus?
Durant ces entretiens entre patients et thérapeutes qui composent l'essentiel du long et du court métrage de Bruneau et Roudil, c'est la dimension même du travail vivant et donc de nos vies quotidiennes qui se voit regardée autrement. Soudainement, apparaît l'ampleur d'une stratégie guerrière ayant pour vecteur le profit. Derrière ces nouvelles techniques de management appliquées au travail, se dessine la figure inhumaine de la rentabilité à tout prix. Et cela nous concerne tous, autant que nous sommes.
L'une des qualités du travail de Bruneau et Roudil est d'avoir trouvé une forme cinématographique qui nous plonge directement dans le mouvement d'une transformation sociale, de nous en faire sentir la portée et les enjeux sans pour autant nous imposer une solution clé sur porte.
Il y a, dans ce type de cinéma documentaire, tout un art de l'énoncé et de la confrontation qui suggère que c'est à nous spectateurs de penser et d'élaborer pratiquement ce qui, dans le film, appelle une réponse. S'impose alors comme une urgence, celle de se situer en regard de notre présent et en termes de responsabilité, de prendre acte.

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