Extension des territoires de la peur
Il est des films importants qui se signalent à nous autant par la pertinence de leur ton que par la force, voire la violence de leur propos. Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés, le dernier documentaire de Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau est certainement de ceux-là. Partant d’un enjeu précis, raconter la souffrance due au harcèlement au travail, Roudil et Bruneau ont réalisé un film qui, rendant compte de situations particulières et individuelles, réussit à toucher à l’essentiel de notre socialité. Là où trop souvent le documentaire nous avait décrit le monde du travail sur le mode passéiste d’un constat se limitant à la disparition du travail vivant et de la classe ouvrière, Ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés refuse toute nostalgie et crée les conditions d’un point de vue radical et séditieux.