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La Belge collection : Des choses en commun de Ann Sirot et Raphael Balboni

Publié le 23/09/2020 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

Dans ce volet de la Belge Collection, Ann Sirot et Raphael Balboni coréalisent le film Des choses en commun, un film qui interroge les nouvelles formes d’amour et ses perspectives de libération et d’expression.

Des choses en commun de Ann Sirot et Raphael Balboni

À bord de véhicules partagés Cambio à Bruxelles, des vies se croisent et s’entremêlent, y laissent des traces de leur passage, font naître de nouveaux désirs. Chacun à leur tour, à bord de leur Cambio et en route pour un footing ou un magasin de meubles, passagers et conducteurs revisitent et réinventent leurs liens amoureux.

À l’arrière d’une voiture, les bras gesticulent et les corps se meuvent. C’est la danse hebdomadaire des amants se retrouvant dans leur Cambio au milieu d’un champ. Rapidement, le canevas de la voiture partagée nous transporte dans une autre histoire conjugale, celle d’un jeune couple retrouvant un dossier sous le siège, un préservatif et l’odeur persistante d’un parfum, autant d’objets propices à déployer un imaginaire amoureux et de faire le bilan sur son propre couple, sur ses propres pratiques. Une troisième voiture démarre, avec deux amies dont la complicité laisse entrevoir une attirance certaine et maladroite, secrète et bouleversante. Porté par des comédiens attachants (Fanny Estève, Ninon Borsei, Marie Lecompte, Benoit Piret, Gwen Berrou, Hervé Piron, Jérémy Grynberg), dont les conflits internes multiples sont provoqués par une idée construite et acquise de ce que doit « être l’amour » dans nos sociétés, le film d’Ann Sirot et de Raphael Balboni pose un regard neuf et drôle sur nos arrangements amoureux.

Les trois histoires presque chorales de relations et d’amours naissants sont libératrices et permettent au spectateur d’accepter, de mettre des mots sur ses envies et désirs, de faire droit aux possibles des relations modernes. Car sous le genre publicitaire pour Cambio, une succession de plans fixes à l’intérieur de la voiture, se dessine de manière diffuse mais profonde, une réflexion sur l’amour et ses pratiques, sur la nécessité de dépasser l’héritage culturel et cultuel du patriarcat, de penser les relations autrement.

Finalement, Des choses en commun est une ode à s’emparer de la liberté d’aimer en fonction de ce que l’on est, brise les clichés sur les conceptions de l’amour, et maîtrise habilement les trois histoires de manière originale et subtile.

 

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