Illustration: Gwendoline Clossais
Des choses en commun
Un joli couple entièrement nu se relève de la banquette arrière d'une voiture visiblement très heureux de vivre une intimité bien cachée des regards indiscrets, en pleine campagne sur un chemin que n'emprunteraient normalement que les tracteurs. C'est là qu'on découvre l'autre usage qu'on peut faire des véhicules partagés : un love hôtel avec une grande mobilité mais à l'habitacle rikiki.
On le prend à la case départ pour le rendre trente-six galipettes plus tard au même endroit, à nouveau disponible pour d'autres égarements. C'est que le lieu est inspirant et donne à ses usagers une liberté à nulle autre pareille. Tantôt deux jeunes femmes s'y cherchent maladroitement, tantôt un couple adultère tente de mettre les pendules à l'heure avec le partenaire trompé. À notre époque où les questions fusent dans tous les sens en ce qui concerne nos désirs, nos identités plurielles et complexes, où le polyamour serait une solution toute trouvée pour des relations plus sereines et moins monotones, ramenant la jalousie à l'état de tare à abattre, les réflexions s'y enchaînent. C'est toute une philosophie de vie qui prend forme avec pour ligne directrice une forme de bonheur nouvelle, respectable et bienveillante qui fait fi d'une certaine normalité ou morale sans pour autant sacrifier le respect pour autrui.
Évidemment, toute intimité digne de ce nom ne garde ses qualités que si on ne laisse pas d'indices aux emprunteurs qui suivent. Une voiture partagée n'est pas un véhicule ordinaire !