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Laurent Guerrier : Sélection belge au Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand 2006

Publié le 01/03/2006 par Thierry Zamparutti / Catégorie: Entrevue

Pour ceux qui le connaissent, il représente une vitrine mondiale jamais égalée de toutes les tendances, de tous les films de formats court et moyen issus de tous les horizons du globe. Pour les autres, il est encore temps de vous réserver une chambre d’hôtel du 26 janvier au 3 février 2007. La Belgique y est très régulièrement représentée et reçoit tout aussi régulièrement ou presque les honneurs du palmarès (cfr. article sur Chahut). Par contre, cette représentation est très variable et il faut bien reconnaître qu’elle fut bien faible cette année en ce qui concerne la compétition internationale. Seul, Retraite de François Pirot, a défendu nos couleurs.

Nous avons rencontré Laurent Guerrier qui, avec son homologue Christian Guinot, au travers de l’Association organisatrice Sauve Qui Peut le Court Métrage, présélectionne notamment les films belges. 120 films reçus, un record. A titre indicatif, le Marché du Film en présentait 4849 cette année, autre record.

C : Depuis combien de temps t’occupes-tu de la sélection belge ?

Laurent Guerrier : Depuis 5 ans maintenant. Avant cela je travaillais pour les compétitions internationale et nationale et vu l’augmentation du nombre de films inscrits ce n’était plus possible de continuer ainsi. Côté films français, cela s’est multiplié par 3 en dix ans, de +/- 400 films à 1200 avec l’ouverture à la vidéo. Du coup, vu que j’ai une affection particulière pour la Belgique et des atomes crochus avec les belges, c’est devenu ma « spécialité ».

Profitons-en alors pour faire le point. Comment vois-tu les choses évoluer?

2005 est une année très forte en productions pour la Belgique, certainement 30% d’augmentation, forcément due au numérique. C’est assez significatif pour la Belgique notamment. Nous avons reçu des documentaires que nous n’aurions pas reçu auparavant. Des films qui d’ailleurs ne cadre pas tout à fait avec le genre de documentaire que nous sélectionnons. Et à la fois, c’est bien de les recevoir pour qu’ils soient référencés dans notre Centre de Documentation (55.000 titres !!).

Quel ton sentiment sur la qualité de ce qui fut proposé ?

Il est partagé par Christian Guinot. Malgré ce volume plus important on ne s’y retrouvait pas vraiment. De plus, nous n’étions pas forcément d’accord sur les films qui sortaient du lot. Cette division a été ressentie par les 6 autres sélectionneurs quand il a fallu clore les débats. Pour nous, ce n’était pas une grande année. Il n’y avait pas de véritables coups de cœur comme nous en avions eus par le passé. Même si 6 ou 7 m’ont plu.

Il y a 2 ans, les Irlandais se sont retrouvés sans sélection. Cette année, la Belgique n’en avait qu’une. Cela arrive. Mais je suis confiant, cela va remonter.

En manque de belgitude ?

Lorsque la présélection est terminée, nous nous retrouvons à 8 avec nos subjectivités propres. Nous défendons les films que nous aimons chacun. Cela se passe en discussion et au vote. Nous ne nous imposons pas de ligne directrice. La belgitude qui nous plaît par ailleurs ne doit pas nécessairement se retrouver dans les films que nous aimons.

Retraite ne présentait pas cette belgitude, au contraire de Saddam Hussein est vivant et habite à Bruxelles avec Bouli Lanners, également présélectionné. Mais le premier nous semblait plus abouti dans sa façon de faire et c’est ce qui les a départagés.

Il n’y a que peu de réalisateurs belges qui sont vraiment ancrés dans ce format belgitude et qui veulent défendre cette identité. Parfois leur défaut est d’en faire trop et d’avoir un « regard français » sur ce qu’ils font en se disant que c’est cela qui va plaire ici. Pour en avoir discuté avec eux, je sais qu’ils sont attentifs au regard que nous portons ici. C’est un débat qu’il faudrait avoir avec des réalisateurs et des producteurs belges.

Par ailleurs, j’ai suivi certains réalisateurs depuis quelques temps et je voyais la sauce monter mais finalement pas comme je l’attendais. J’ai toujours en préparation une rétrospective belge et avec ce que nous avons vu cette année, c’est un peu un frein. D’autres pays sont en concurrence. J’attendrai l’année prochaine pour voir si la tendance s’inverse ou se confirme. Tous les pays connaissent un petit creux. Ce n’est pas par manque d’originalité, c’est ainsi. Il est arrivé à l’Islande de n’avoir que 3 films à nous proposer et rien de sélectionner et cette année sur 12 films, 6 étaient très bons.

Retraite dure 30 minutes…

Oui, les fictions belges étaient plutôt longues que courtes ces dernières années. Le format vraiment court était plus présent par le passé. Les Norvégiens le réussissent très bien et ce serait dommage qu’ils restent les seuls. Il faut faire très attention à ne pas mettre cela de côté parce que c’est aussi l’identité du court métrage de pouvoir passer en début de programme dans des cinémas commerciaux. Si on arrête la production de ces films, on va se couper d’un intérêt économique et de celui des exploitants, et surtout d’un savoir-faire.

Un mot sur les belges ?

Ils ont une facilité de parler de leur cinéma, de leurs projets, ce qui n’est pas toujours évident avec d’autres nationalités qui sont plus secrètes.

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