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Les corps purs de Guillaume de Ginestel, Berangere McNeese

Publié le 10/11/2017 par Gwendoline Clossais et Thierry Zamparutti / Catégorie: Film dessiné


Illustration: Gwendoline Clossais

Les corps purs de Guillaume de Ginestel, Berangere McNeese

Un homme qu'on suit de dos avance d'un pas constant, des petits écouteurs dans les oreilles, au son d'une musique classique relevée par une voix féminine soprano à la clarté quasi divine. Il poursuit son avancée dans un couloir d'hôtel. On le devine bourru, un peu genre rugbyman brut de décoffrage mais néanmoins sensible. Quand il finit par percevoir des cris, il applique sur la porte une clé digitale, entre dans une chambre où une jeune femme s'accroche avec un type gras du bide. Il la prend rapidement par-dessus l'épaule et, hop, ils s'en vont. Lui, c'est le garde du corps bien bâti et taciturne. Elle, c'est la pute, fine, jolie avec le verbe tranchant.

Furieuse qu'elle est! Diablement pas contente d'être blessée à la lèvre et de n'avoir pas pu compter illico sur l'armoire à glace qui en prend pour son grade sans moufter. Et elle le persécute de ses petites phrases assassines et insidieuses. Elle semble répercuter sur lui la domination que les hommes ont sur elle. Mais tout n'est qu'apparence, des paillettes au physique de dur. Chacun s'est forgé une carapace encore mal assurée. Quelques fêlures trahissent tantôt de la naïveté, tantôt de la fragilité. C'est dans ses interstices que se déploie le sens véritable des mots qu'elle lui balance et des silences qui lui rend. Entre ces deux écorchés vifs, tentant de trouver leur équilibre ensemble, contre toute évidence, une bienveillance toute particulière commence à naître.

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