Cinergie.be

Loveboard de Felipe Casanova - EN VILLE!

Publié le 23/01/2024 par Nicolas Bras / Catégorie: Critique

À partir du contenu d’un téléphone cassé trouvé en rue, le réalisateur recrée l’histoire d’un couple qui s’effrite depuis les vidéos d’amoureux transis jusqu’aux appels qui restent sans réponse. Le format court de Loveboard est truffé de recherches visuelles et de réappropriation de techniques explorées dans l’histoire du cinéma expérimental.

Loveboard de Felipe Casanova - EN VILLE!

Hugo aime Hendrick ; Hendrick aime Hugo mais non, leur relation amoureuse ne durera pas. Comme le scande Céline (Dion), s’il suffisait d’aimer, nous ferions de ce monde de rêve, une réalité. Un jour Felipe (Casanova), le réalisateur, trouve un téléphone brisé. À l’intérieur, se nichent des fragments d’une histoire affective qui lui est inconnue et dont il tente de rendre compte. Il embarque sa caméra Super8 et ses désirs d’exploration des limites de la technique pour évoquer les cœurs brisés et le deuil amoureux malgré les papillons dans le ventre qui ne se lassent pas de batifoler. L’écho des cœurs se joue désormais par écrans interposés et c’est là qu’intervient le Loveboard du titre. Des émois filmés, communs mais précieux, jusqu’à l’absence de réponse au téléphone, la vie relationnelle passe en partie par l’écran tactile de l’ordiphone. 

Alors, pour disséquer une relation en déperdition, c’est d’abord l’appareil qui se retrouve les entrailles à l’air, sans doute pour mieux en sonder la mémoire par les circuits informatiques. Ensuite, ce sont les traces des moments heureux elles-mêmes qui se détériorent. Les souvenirs se contorsionnent sous l’effet de la compression de l’image qui surimprime et détruit les corps en dévoilant celle qui suit. Loveboard, c’est une tentative de rendre compte de cet amour qui s’éteint à l’heure du tout numérique. Un deuil aussi sincère que tâtonnant en hommage aux deux personnes concernées, à savourer si on se laisse emporter.

Tout à propos de: