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Lucie Debay et Lazare Gousseau lors des répétitions du Syndrome des amours passées

Publié le 03/08/2022 par Jean-Philippe Thiriart et Harald Duplouis / Catégorie: Tournage

Entrevue avec Lucie Debay 

Nous avons rencontré les comédiens belges lors de répétitions du deuxième long-métrage du duo Ann Sirot-Raphaël Balboni, qui vient de prendre fin. Ces répétitions revêtent une importance capitale pour les réalisateurs belges. Un sujet que leurs acteurs ne manquent pas d’aborder lors de l'entretien qu’ils nous ont accordé.

Cinergie : Comment les réalisateurs, Ann Sirot et Raphaël Balboni, vous ont-ils présenté leur nouveau projet ?
Lucie Debay : Ils m'ont envoyé un traitement, je crois, et m'ont demandé si ça m'amuserait de faire ça. L'histoire est quand même assez drôle, non ? (elle rit) En fait, ils voulaient nous voir ensemble, avec Lazare, pour voir si ça le faisait, si ça matchait. Comme dans Une vie démente, ils passent beaucoup de temps avec les acteurs en amont. On se voit beaucoup, on improvise beaucoup. Ils réécrivent : le scénario évolue énormément avec leurs acteurs. Ils se posent la question de savoir ce que ça fait de mettre telle et telle personne l'une à côté de l'autre.

C. : C'est riche de vous permettre de faire évoluer une histoire, d'alimenter les choses…
L.D. : Oui ! On réfléchit beaucoup à ce sujet, on cherche avec eux. Le fait que les répétitions soient très espacées leur permet de prendre du temps et de monter les répétitions, qui sont toutes filmées. En fonction de ce qui s'est passé, le scénario évolue. On est donc hyper impliqué, même pendant les répétitions. On a le temps. Ce n’est pas directement le tournage où tout doit s'enchaîner. On a vraiment eu le temps de parler de différents sujets, des raisons pour lesquelles mon personnage réagirait comme ceci ou comme cela, et de comment faire évoluer la trajectoire de chacun.

C. : Comment vous ont-ils présenté votre rôle, celui de Sandra ?
L.D. : Je ne peux pas dire qu'ils me l'ont présenté de manière hyper fixe. Ils m'ont expliqué l'histoire de base et puis, petit à petit, Sandra a pris du coffre et de la complexité avec ce qui s'est passé et avec les répétitions. Il y avait quand même quelques données : Sandra a plus d'ex que Rémy, par exemple. (rires)

C. : Qu'est-ce qui vous a décidé à participer à cette aventure ? 
L.D. : Parce que j'avais déjà vécu le tournage d’Une vie démente, au cours duquel je m'étais vraiment éclatée. J'aime vraiment cette méthode de travail. Ann et Raphaël mettent tout en place pour qu'on soit extrêmement libre. Le fait de chercher avec eux et donc de comprendre, de l'intérieur, pourquoi mon personnage évolue comme cela, c’est très riche. Parce qu'en fait, on le vit avec les répétitions. Il y a donc quelque chose de très organique et c'est hyper rare. On connaît dès lors très bien ses partenaires. Et les situations existent aussi parce qu'on les a fait exister ensemble. Là, en plus, toutes nos répétitions se font dans les vrais décors. L'appartement de Rémy et Sandra, je m'y sens hyper à l'aise. Je le connais bien. C'est très rare au cinéma : on est propulsé dans un décor et on fait comme si on était chez nous. Mais là, on prend le temps, on rentre dans la matière, autant dans les murs que dans la pensée de nos personnages.

C. : Nous filmons aujourd'hui une partie de vos répétitions. Comment définiriez-vous la façon de travailler des cinéastes sur ce point précis ?
L.D. : À chaque fois qu'on se voit, on travaille ensemble d'une à trois scènes, pas plus. Et ils nous lisent un petit résumé de ce qui devrait se passer dans telle ou telle scène : ce qu'ils ont imaginé. Et là, on part en impro. Et en fonction de ce qui se passe, on fait bouger la chose, on voit ce qui nous semble juste ou pas. Comment réagit-on ensemble avec les données qu'ils nous donnent? Et puis, ils partent avec la matière et ils la travaillent en la montant. J'ai reçu, il y a peu, un brouillon du film, qui dure un peu plus de deux heures. C'est très étonnant. Je n'ai jamais entendu parler de cela sur d'autres projets. (rires) J'ai vu le film, dans lequel je n'arrête pas de changer de couleur de cheveux d’ailleurs, car les répétitions s'étendent sur une période assez longue. C'est important qu'on voie cela pour comprendre ce qu'ils ont retenu de nos personnages et pourquoi ils ont retenu cela. J'ai vu ça il y a peu et dans quelques jours, pendant une après-midi, je vais parler avec eux de mon personnage pour savoir quels sont vraiment les enjeux et discuter un peu avant de commencer à tourner.

C. : Comment se passent les répétitions avec vos partenaires à l'écran que sont Lazare Gousseau et Vincent Lécuyer ?
L.D. : Très bien. On rigole vraiment beaucoup parce que la situation de base est complètement absurde. Ils vous ont expliqué le syndrome des amours passées, mais en fait, on se retrouve dans plein de situations très réalistes de la vie de couple. Il y a beaucoup de vécu qui peut sortir, et des situations cocasses.

Entrevue avec Lazare Gousseau

Cinergie : Comment Ann Sirot et Raphaël Balboni vous ont-ils présenté leur nouveau projet ?
Lazare Gousseau : Ça date déjà un peu. Il y a eu ce programme de courts-métrages, "La Belge Collection", parmi lesquels figure le film de Guillaume Senez, dans lequel j'ai joué : Mieux que les rois et la gloire. Et au moment où cette collection a été lancée, j'ai passé une audition à la fois pour Guillaume, et pour Ann et Raphaël, qui devaient faire Le Syndrome des amours passées en court-métrage. Ensuite, ils m'ont dit qu'ils n'allaient pas le faire pour "La Belge Collection" parce que ce n'était pas le bon format, qu'ils allaient faire ce film en long métrage mais qu'ils voulaient que ce soit moi qui joue le personnage de Rémy. C'était en septembre 2018.

C. : Votre regard sur le court-métrage Des choses en commun ?
L.G. : J'ai beaucoup aimé. J'ai trouvé ça très drôle. J'ai l'impression que les films Des choses en commun, Une vie démente et Le Syndrome des amours passées correspondent tous trois à ce moment de leur travail, depuis deux ou trois ans. J'y retrouve beaucoup de choses qui, à mon avis, sont encore en train de se travailler dans Le Syndrome des amours passées. J'ai l'impression que c'est le même moment de travail pour eux. Peut-être qu'ils ne seraient pas d'accord avec ça mais comme je suis tout seul à parler, je le dis. (rires)

C. : Comment vous ont-ils présenté votre rôle, celui de Rémy ?
L.G. : Comme ils n'écrivent pas de scénario au sens propre avant de commencer à travailler avec les acteurs, c'était un petit peu squelettique. Il y avait juste l'argument du syndrome. J'ai perçu ça vraiment comme une machine à comédie, comme une machine à jouer. C'est une situation très absurde, qui provoque vraiment beaucoup de jeu et de situations très drôles. Ils me l'ont à peine présenté : on a tout de suite fait des impros.

C. : Quels sont les autres éléments qui vous ont décidés à participer à cette aventure ?
L.G. : Eux, leur personnalité, leur manière de travailler, le temps qu'ils prennent. Ils utilisent quand même un processus de travail assez singulier par rapport à la moyenne puisqu’ils prennent beaucoup de temps pour les répétitions. Et puis, le fait qu'on s'est vraiment beaucoup amusé pendant ce casting. Personnellement, j'ai trouvé cela très drôle à faire et je pense que quelque chose de l'ordre du comique s'est dès lors communiqué entre nous. En plus ils ont trouvé que j'étais rigolo. (rires) 

C. : Nous filmons aujourd'hui une partie de vos répétitions. Comment définiriez- vous la façon de travailler des cinéastes sur ce point précis ? Ils sont en recherche constante, eux deux, avec vous, ici à quatre…
L.G. : Ils sont en écriture constante. C'est assez particulier parce qu'il y a des scènes qu'on a répétées plusieurs fois, à plusieurs mois d’écart. On se transforme au fur et à mesure puisqu'ils apportent des choses entre ce qu'on a fait une première fois, ce qu'ils réécrivent ensuite et comment ils investissent ce qu'on a fait. C'est en permanente évolution. À mon avis, ça ira jusqu'au bout du tournage. Il y a une marge d'apport vraiment très large. J'ai une sensation de très grande liberté de leur côté et, en même temps, une espèce de recherche assez précise qu'ils sont toujours en train d'affiner.

C. : Comment se passent ces répétitions avec Lucie Debay et Vincent Lécuyer ?
L.G. : Ça se passe bien. C'est particulier parce qu'on joue un couple, Lucie et moi et, en même temps, on a beaucoup de scènes séparées, étant donné l'histoire. Il y a donc des moments où on est très proches pendant les répétitions et d'autres sur nos parcours individuels. C'est très particulier, très rare, d'avoir le temps de s'acclimater autant à ses partenaires. Parce que ça fait un an et demi - deux ans qu'on travaille. Le tournage va bientôt commencer, mais on est déjà au travail depuis longtemps. Et donc, j'ai l'impression qu'on se connaît déjà beaucoup !
Vincent, c'est différent. Il joue le rôle du médecin qui nous suit dans le protocole du syndrome des amours passées et c'est donc plus épisodique. C'est une scène qu'on a refaite beaucoup depuis le début. C’est celle que j'ai faite en casting, cette scène où le médecin nous annonce qu'on a ce syndrome. Ensuite, à partir du moment où on était avec Lucie et Vincent, on l'a beaucoup refaite. À la fois pour des histoires de COVID et parce que, comme c'est vraiment la scène d'ouverture du film, ils cherchent comment rendre l'histoire de ce syndrome à la fois absurde et crédible.

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