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Mary Jimenez, la zone aveugle et visible de la vie

Publié le 11/09/2012 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Événement

Mary Jimenez, la zone aveugle et visible de la vie au studio 5 de flagey, Cinematek, programme dans un cycle intitulé Docu-mentaires, des films de Mary Jimenez. Quel est donc le déclic qui a poussé, une jeune péruvienne, née à Lima, étudiant l'architecture, la peinture et la musique à venir à Bruxelles (à L'INSAS), pour apprendre à réaliser des films ?

Mary Jimenez, la zone aveugle et visible de la vie

Une mémoire flottante comme relais vibrant d'un songe ? Peut-être bien. Un jour dans un rêve, nous confie-t-elle, elle décrypte à travers les images d'une femme qui bouge comme au ralenti, son désir de les porter à l'écran. Elle nous précise : « on se réalise pour faire des films. On examine sa propre vie, ses incohérences, ses tendances, ses fragilités, ses zones aveugles, ses faiblesses. Est-ce que c'est ça que je voulais comme vie ?» (in  A Chacun son cinéma un livre édité par Luc Pire/Cinergie). 
En 1985, elle rentre au Pérou et réalise Du verbe aimer, une autobiographie sous forme de lettre post-mortem à sa mère. Dans cette recherche de ses racines, on découvre une quête d'affection, du désir d'être aimée. Le pré-générique et le commencement du film nous envoie dans une sorte de brouillard fictionnel destiné à désorienter les repères des spectateurs. En couleurs surexposées puis dans un noir et blanc bleuté avec une voix off qui trouble davantage (celle de la réalisatrice) : « Ce film n'est pas un reportage, n'est pas un documentaire. Les images sont un prétexte dont je me suis servie pour retourner au Pérou ».
Le film condense le passage de l'enfance à l'âge adulte dans la zone aveugle et visible de la vie.

La réalisatrice était présente le 04.09 lors de la projection de ses deux derniers films Le Dictionnaire selon Marcus (la prison et son ailleurs possible pour soi et les autres) et Héros sans visage (les migrants qui naviguent du sud vers le nord). L'occasion de dialoguer avec Mary Jimenez qui dans ces deux films, au-delà d'une thématique forte, s'interroge aussi sur les dispositifs dont elle se sert, de l'image et du son.
Dans l'un comment cadrer – sans tomber dans le genre caméra de surveillance - quelqu'un qui a été épié toute sa vie et dans l'autre comment dialoguer avec des migrants déboussolés sinon avec un travail sur le dit et le non-dit, et un montage sur le silence et le tempo de la respiration des corps. 

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