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Patanegra de Meryl Fortunat-Rossi

Publié le 28/02/2023 par Malko Douglas Tolley / Catégorie: Critique

Originaire du Sud de la France et diplômé de l’IAD, Méryl Fortunat-Rossi compte plusieurs documentaires et courts-métrages de fiction à son actif. Son dernier projet est l'adaptation à la sauce belge de la nouvelle Adieu Torero d'Olivier Deck.

Patanegra de Meryl Fortunat-Rossi

Depuis son travail de fin d’étude intitulé Marcel en 2004, ce réalisateur a remporté le Magritte du meilleur court-métrage de fiction avec son comparse Xavier Seron pour L’Ours noir (2016). Les deux complices sont d'ailleurs à nouveau réunis pour réaliser leur premier long-métrage qui n'est autre que l'adaptation du film argentin Héroïc Losers.

Plus récemment, Cinergie l'a rencontré pour une interview filmée à propos de son documentaire La Grande-Messe (2019) avec Valéry Rosier. Ce réalisateur prolixe a depuis mis en boîte le documentaire Phèdre ou l’explosion des corps confinés (2021), projet qui lui a permis d’aborder la vie confinée d’une troupe de théâtre. Comme il n'hésite pas à l'affirmer, son cinéma se définit par des propositions audacieuses et une volonté de se renouveler constamment, quitte à se mettre en danger.

 

Patanegra (2022) s’intéresse à la guerre d’Espagne qui se déroule avant la Seconde Guerre mondiale. L'histoire relate l’héroïsme de deux républicains, Tom et Paco, et de leur cochon démineur de 320 kg.

Dans son adaptation de la nouvelle Adieu Torero, Méryl Fortunat-Rossi a remplacé le journaliste français par un charcutier Flamand accompagné d'un Polonais. Ces deux comparses ont avec eux un cochon de grande taille du nom de Patanegra. Empreint de surréalisme, ce récit prend la forme d’un huis clos à ciel ouvert centré sur l’échange entre ce Belge joué par Tom Audenaert et ce résistant espagnol interprété par le célèbre Sergi Lopez.

Leur discussion dans cette tranchée met à jour de manière parfois absurde et amusante l’utilisation des cochons pour flairer les mines ainsi qu’un pan peu glorieux de l’histoire de l’Espagne, celui du soutien d'Adolf Hitler à Franco. Les dialogues sont justes. Le jeu est bon. Les images sont belles.

C'est également un clin d'œil à un pan méconnu de notre histoire nationale avec de nombreux Belges partis combattre en Espagne sans connaître la langue nationale. De plus, ceux-ci couraient le risque de se faire arrêter à leur retour au plat pays vu le Pacte de Non Intervention signé par la Belgique, la France et d'autres pays européens durant cette époque trouble de notre histoire.

Comme souvent dans les réalisations de Meryl, une mention à la corrida est présente, notamment par le biais du Puntillero, le couteau de corrida utilisé pour achever le taureau : « Quand je fais un film, je dois me mettre en danger. Dans la corrida, le taureau se bat pour vivre une seconde de plus. Le torero est également prêt à mourir pour une seconde artistique supplémentaire », nous explique Meryl à propos de sa démarche artistique et de son goût du risque.

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