Des fantômes et des pierres
Sélectionné au dernier festival de Rotterdam puis dans la compétition Emile Cantillon au Festival du Film Francophone de Namur, L’éclat furtif de l’ombre, le premier long métrage de Patrick Dechesne et Alain-Pascal Housiaux, raconte les chemins d’un exil forcé avec beaucoup de pudeur et de silence. Voyageant entre la vie d’un chauffeur de taxi à Liège et ses souvenirs de la guerre en Ethiopie, le film tisse une temporalité intime en forme de ronde, les éclats fragmentés d’une vie déracinée, vouée à l’effacement et à la dissolution. D’une grande beauté formelle, le passage derrière la caméra de ce tandem de directeurs artistiques, est une gageure, un projet ambitieux, dont la portée politique est délicatement bouleversante, car, écrivent-ils, « comme un sang d’ombre écoulé aux bas-côtés du monde, la réalité de l’exil moderne attise un feu où la béance intime de chacun se reflète. »