Ce que parler veut dire
Les chiffres sont effarants. En Belgique, 4 plaintes pour viol sont déposées par jour. 16% des viols dénoncés concernent des personnes majeures. La majorité des victimes sont des femmes et dans 80% des cas, l’auteur est connu de la victime (cercle familial, partenaire, proche…). Et il s’agit d’estimations minimales puisque celles et ceux qui subissent un viol souvent se taisent. Alors Sans frapper, le second long-métrage d’Alexe Poukine, est d’une importance cruciale. Il est de ces films qui font bouger les lignes, en ce sens profondément politique. Il ne faudrait pas le manquer quand il sortira sur les écrans en Belgique à la mi septembre - ou si la RTBF le diffuse à une heure décente ? Cette petite production, portée en Belgique par le CVB, qui revient du prestigieux festival Visions du réel avec le Prix du Jury, qui continue de faire le tour d’autres grands festivals comme Séville, le FID, ou l’IDFA, est un très beau documentaire. Avec peu de moyens, grâce à un dispositif brillant d’une grande simplicité, Sans frapper nous fait parcourir le long chemin de croix de femmes violées. Il transforme ces chiffres en voix, en corps, en douleurs. Il crée une scène où l’affaire d’une seule devient l’affaire de toutes et tous. Un film délicat et fort, important et salutaire.