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Sur le tournage de Zoé et les pachydermes

Publié le 01/06/2003 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Tournage

"C'est l'histoire d'une petite fille, nous confie Rémi Hatzfeld, qui atteint l'âge où elle va se rendre compte qu'il n'y a pas qu'une seule manière de voir les choses. Elle va s'apercevoir dans les relations qu'on entretient avec les gens qu'on peut interpréter les choses de manière très différentes. Elle a encore beaucoup d'imagination, une grande naïveté. Son père lui raconte sans cesse des histoires qu'elle croit ou auxquelles elle veut croire. Ce sont les derniers bains qu'ils prennent à deux. Ce sont les derniers moments où elle peut encore avoir une relation très tendre avec son lui avant que les gestes ne deviennent plus pudiques. C'est le moment de la fin de l'innocence. Sur cette relation très forte avec son père se greffe un concours de malentendus qui font qu'on pourrait soupçonner -à cause d'une pantomime malvenue-- la nature des relations qu'elle entretient avec son père. Mais pour moi ce qui est important c'est la découverte par une petite fille que la réalité n'est pas univoque. Qu'il y a différentes réalités suivant l'interprétation que les gens en font. Ce qui est important c'est que le point de vue de cette petite fille sur le monde change."

Hatzfeld

 

Zoé et les pachydermes

 

Depuis La harpiste, le restaurateur et l'employé de l'électricité (fable citadine sans morale), son dernier court métrage de fiction, en 35mm, Rémi Hatzfeld s'est consacré à l'écriture (il a notamment coscénarisé Hop !) avant de revenir à Zoé et les pachydermes, un court métrage de fiction qui se tourne en vidéo. Pour des raisons économiques ? "On peut dire ça, nous rétorque-t-il malicieusement, ce sera mentir que de prétendre qu'au départ le choix s'est opéré pour des raisons esthétiques. J'essaie d'obtenir le maximum de moyens pour obtenir ce que je désire faire. La vidéo me donne la possibilité de faire ce que je n'aurais pas me permettre en 35mm. Je vais pouvoir plus facilement, et à un moindre coût, faire un ou deux trucages. Je peux -et ça c'est une grande chance dont j'abuse beaucoup étant donné que je tourne avec une petite fille -- consommer énormément de prises sans que ça pose problème. Puis d'autres facteurs sont intervenus. Notamment Sony qui nous a beaucoup aidé en faisant en sorte que la vidéo puisse entrer dans le budget minimum dont nous disposions."

 

Casting

Zoé et les pachydermes

 

Lorsque nous lui posons des questions sur le casting, il nous répond : "Pour être honnête, j'ai écris ce film en n'étant pas certain que j'allais le réaliser moi-même, puisque je suis davantage devenu scénariste que réalisateur. J'étais prêt à ce qu'un réalisateur que j'aime bien puisse le tourner. Mais ceux que j'ai contacté m'ont tous dit très gentiment que c'était à moi de le faire ! Quand j'ai écris le scénario je pensais à deux interprètes possibles pour lesquels j'envisageais un essai comédien. C'était Antigone Hatzfeld pour le rôle de Zoé et Eric De Staercke, pour le rôle du père. C'était l'évidence, même. Pour les autres rôles, notamment les enfants, on a travaillé en casting et cela m'a beaucoup aidé. Ca m'a permis de régler les choses au niveau du jeu sachant qu'on avait très peu de temps pour tourner puisqu'on avait choisi de tourner la majorité des scènes dans une école. On avait trois fois une heure et demi pour mettre en boîte les scènes qu'on devait tourner. Je suis très heureux des comédiens qui ont accepté de jouer dans mon film. J'ai même eu le culot de demander à des comédiens de faire des apparitions et J'ai obtenu de très beaux cadeaux : Thierry Decoster a accepté de venir jouer l'Oncle Arnaud, un petit rôle mais qui emmène toute la figuration du film ainsi que Nathalie Laroche, qui a accepté de faire une apparition très importante pour le jeu des enfants."

 

Scène

 

Zoé et les pachydermes

 

La scène qui se passe dans le vaste jardin de Beersel réunit une famille, à l'issue d'un repas de communion. Les adultes sont disposés sur deux rangs, assis sur des chaises de jardin. Les enfants sont assis devant les adultes, dans l'herbe. Le dispositif qui ressemble à la traditionnelle photo de famille est fait pour que divers membres du groupe se livrent à des pantomimes afin de captiver un auditoire que la chaleur et la boisson égayent. Le père (Eric De Staercke) de Zoé (Antigone Hatzfeld), éméché se laissant manipuler par un beau-frère malicieux (Thierry Decoster) s'exclame : "A la demande générale et pour la première fois en ce jardin...je vais tenter l'éléphant. Ce numéro extrêmement périlleux requiert la plus extèèème concentration...Je demande au jeune public de se reculer quelque peu et de garder le silence le plus absolu...l'animal est sauvage et capricieux !" Et se laisse aller devant les enfants, dont sa fille, à un numéro de clown aux sous-entendus quelques peu grivois qui suscitent la réprobation des grands-parents et déclenche un mini scandale. Derrière le groupe une caméra Sony MPEG posée sur une dolly roule sur un travelling latéral. Le père est filmé de face, cadré par Ella Vandenhove. Ses paroles sont captées par Philippe Vandendriesssche à l'aide de deux perchistes reliés à son Nagra 5 (lequel enregistre sur disque dur, au lieu des bandes magnétiques de naguère).

 

Novak Production

Lorsque nous quittons ce plateau champêtre le réalisateur filme le contre-champ du plan précédent. Nous nous en éloignons, sotto voce, en compagnie d'Olivier Dubois pour connaître les projets de Novak Prod., qu'il anime avec d'autres partenaires pour produire le film : "Zoé et les pachydermes est le troisième film qu'on termine, nous dit-il. Novak Prod. est né de l'association de cinq professionnels actifs depuis une quinzaine d'années dans le cinéma belge et européen : Vincent Canart, Bernard de Dessus les Moustiers, John Knudsen, Benoît Van Wambeke et moi-même. L'une de nos caractéristiques est de travailler très en amont sur un projet et de le porter jusqu'à son terme. Avant même de recevoir le scénario, nous travaillons sur l'idée qu'il va développer. C'est un peu ce que nous avons essayé de faire avec Le fils d'Ana de Jorge Leon dont tu as parlé. Quant à la ligne éditoriale elle est simple : pas de limites dans le genre. Par contre, on veut produire des films dont on sort avec un regard changé ou du moins qui interpellent. On n'a pas non plus de limite quant à la durée. En ce moment on travaille sur un film tout à fait atypique : Le Gardien de buffles de Minh Nguyen-Vo, un réalisateur franco-vietnamien qui, si tout se passe bien, se tournerait cet été au Vie-Nam. De même pour rester dans le long format on développe Camino, qui serait le premier long métrage d'André Chandelle."

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