Week-end de Vero Cratzborn
Il et elle sont assis de part et d'autre d'une table dans une pièce blanche sans décor. Leurs deux enfants jouent à côté d'eux. La petite fille se réfugie près de sa maman tandis que le gamin fait le fort, joue avec sa petite voiture, provoque sa mère et sa sœur, feignant d'ignorer l'atmosphère lourde, palpable. Ces deux-là sont-ils en train de se séparer? Et où sommes-nous? Dans une structure d'accueil, un local de conciliation pour visites parentales? Le spectateur s'interroge tandis qu'il suit, à travers la conversation, les difficultés du couple en crise. Soudain, une sonnerie retentit. Un appel au micro. Il est temps de se quitter. Les adieux sont douloureux, difficiles. Une matonne vient rechercher la maman tandis qu'une autre reconduit le papa et ses deux enfants à la sortie de la prison.
Malgré les discours lénifiants et les silences de l'institution, il n'y a plus grand monde aujourd'hui pour ignorer la terrible détresse des personnes incarcérées. La prison casse cruellement les relations familiales. Quand ce n'est pas l'abandon pur et simple du compagnon parti chercher le bonheur ailleurs, c'est la difficulté extrême de voir son conjoint, et surtout ses enfants, autrement que dans des conditions traumatisantes et mal adaptées. Une situation peut-être plus invivable encore pour les femmes que pour les hommes. Véro Cratzborn a écrit ce court métrage au départ de témoignages, l'a mis en scène, l'a tourné avec beaucoup de sensibilité bénéficiant de l'appui de comédiens visiblement touchés par leur sujet. L'histoire est bien maîtrisée (la découverte progressive de la situation réelle est adroitement menée), l'émotion affleure et le film touche au cœur. C'est son but.