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Sur le tournage du film La foret de mon père (ex-Les Châtelains) de Vero Cratzborn

Publié le 14/11/2018 par David Hainaut et Tom Sohet / Catégorie: Tournage

Chez Gina

Cet automne, le tournage d'un premier long-métrage belge vient de se boucler dans le Nord de la France. Il s'agit du film Les Châtelains de Vero Cratzborn, une réalisatrice connue jusqu'ici du court-métrage et du documentaire.

Un long-métrage produit par Iota Production (Nos Batailles) et porté par la jeune comédienne Léonie Souchaud, déjà remarquée au cinéma chez Lola Doillon (Le Voyage de Fanny) et vue dans la série Unité 42. Les Français Ludivine Sagnier et Alban Lenoir font également partie du casting.

Sur le tournage de la Foret de mon père (ex-les chatelains)C'est à Montigny-Le-Tilleul, dans la banlieue de Charleroi, durant les deux semaines belges du tournage (quatre autres ont été mises en boîte dans la région de Lille), que la production nous a donné rendez-vous. Plus exactement à deux pas de l'Hôpital Vésale, dans un immeuble situé en bordure d'un parc. "C'est la réalisatrice, Vero Cratzborn, qui a repéré l'endroit il y a un bon moment. Elle voulait absolument tourner ici", nous explique Isabelle Truc, sur le plateau. " On l'a donc intégré à la demande artistique, car cette envie était tout à fait fondée, tant ce lieu dégage quelque chose. C'était en fait évident qu'on tourne ici!"

Ludivine Sagnier en maman

Car le film évoque l'histoire de Gina, une jeune fille de 15 ans vivant avec les siens dans une cité en lisière de forêt. Une famille aimante et originale, l'adolescente admirant un père (Alban Lenoir, alias Jimmy) qu'elle trouve plus beau, grand et fort que tous les autres hommes. "Mais à un moment", détaille la productrice, "Ce père, en proie à des soucis mentaux, va mettre en danger ses enfants, ce qui va inciter la mère (Ludivine Sagnier, qui campe Carole) à les protéger, jusqu'à faire interner son mari. Pour Gina, l'épreuve sera forcément difficile à comprendre. Mais ce sera l'occasion pour elle d'entrevoir son avenir autrement, et de peut-être prendre son envol."

Léonie Souchaud, jeune mais lucide

Pour incarner Gina, c'est sur la jeune Léonie Souchaud qu'a misé la réalisatrice, après plus de deux ans (!) de casting. Une comédienne native de Poitiers (en France) mais vivant depuis ses huit ans à Bruxelles, où entre deux rôles, elle poursuit sa scolarité, en 5E secondaire. C'est d'ailleurs un professeur de morale qui, il y a quelques années, l'a incité à opter pour la comédie. En 2016, elle s'est ainsi illustrée dans Le Voyage de Fanny (Lola Doillon), en étant choisie parmi un millier de candidates. Une sorte de petit rêve qui se poursuivrait ? "C'est un peu ça !" (sourire), dit-elle. "Mais je vis toujours un tournage comme si c'était le dernier, car dans ce métier, on ne sait jamais si ça va continuer. Mais là, tout se passe bien, l'ambiance est conviviale. C'est une chance dingue de faire partie de ce projet !", nous répond avec lucidité la jeune comédienne, dans l'un de ses rares moments de pause.

L'histoire d'une famille qui s'aime

Si, pour le film qui l'a révélé, Léonie a surtout dû se renseigner sur des faits historiques (l'occupation allemande), le contexte est pour elle radicalement différent ici, s'agissant cette fois d'un rôle de composition. Pour lequel elle a d'ailleurs été coachée. "Cette fois, je dois donc chercher à incarner un personnage, à réfléchir comment réagir et comment Gina ferait les choses. Cela n'a donc rien à voir avec mes autres projets, mais c'est tout aussi intéressant, surtout dans ce rapport avec le père. C'est un beau sujet, où l'on ne parle pas seulement de la maladie d'un père, mais d'une famille qui s'aime", dit-elle avec une once presque logique de timidité. Mais avec un enthousiasme certain, le sourire aux lèvres.

Une œuvre personnelle et murie dans le temps

À lire la note d'intention de la réalisatrice, qui auparavant, a été l'assistante de Leos Carax dans deux projets, on comprend qu'une large part autobiographique est au rendez-vous, n'empêchant pas quelques libertés narratives. Elle s'y exprime de la sorteN: "J'aimerais que la représentation de l'hôpital psychiatrique soit à l'image de son ambivalence : lieu où l'on soigne et enferme, lieu qui soulage les proches qui n'en peuvent plus. Sans pour autant supprimer les aspects pouvant paraître choquants ou durs, car ils sont bien réels. Parce qu'aussi, l'hôpital est vu au travers les yeux de Gina". Pour aborder au mieux son film, la méticuleuse Vero Cratzborn s'est même rapprochée d'une psychiatre et d'une psychologue, jusqu'à partager le quotidien de deux centres de jour, issus des plus importants hôpitaux psychiatriques de la région parisienne.

Une émotion déjà palpable

"Chacun le sait, il est toujours difficile de faire un premier film", ajoute encore la productrice. "Mais au-delà de cette histoire personnelle, il y a une thématique intéressante qui dépasse l'histoire des personnages. Et puis, ce qui n'est quand même pas négligeable quand on fait du cinéma, c'est qu'il y aura de grands moments d'émotion, qui se ressentent déjà sur le plateau." Parmi les seconds rôles, on épinglera la présence de Yoann Blanc (La Trêve) en docteur, et celle de la (très) jeune Saskia de Melo Dillais (vue récemment dans Jacqueline Sauvage). Dans un film particulièrement féminin : outre la productrice, la réalisatrice et les actrices citées, les traditionnels postes-clés (à la coproduction, comme chef-électro, chef-régie, direction de production, assistanat...) sont tous occupés par des femmes ! Chose assez rare dans notre cinéma, que tenait à souligner Isabelle Truc.

Une coproduction belgo-franco-suisse

Les Châtelains, un film majoritairement belge produit par Iota donc, est coproduit par Blue Mondy Production (France) et Louise Production (Suisse). "La coproduction reste notre sport favori en Belgique", confirme Isabelle Truc. "On est donc habitué à monter ce type de films. Notre souplesse est ancrée, et internationalement, on reste reconnus pour nos mécanismes financiers, nos comédiens, nos techniciens ou nos atouts linguistiques. Mais cette participation entre pays constitue aussi une grande richesse pour tous", conclut la productrice de cette société basée à La Hulpe affichant dix-huit années au compteur. Et dont l'ambition reste de suivre des auteurs belges, entre documentaire et fiction, tel le récent Nos Batailles, de Guillaume Senez.

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