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Wilchar, les larmes noires de Richard Olivier

Publié le 01/05/1993 / Catégorie: Critique

Wilchar, les larmes noires

Homme brisé mais toujours debout, anar libertaire, lithographe autodidacte au trait d'une belle virulence, Wilchar fulmine toujours, à plus de quatre-vingts ans, d'une révolte et d'une indignation intactes devant l'injustice et l'ignominie du monde. 

Wilchar, les larmes noires de Richard Olivier

Derrière les meilleurs moments de ce portrait filmé, une idée forte de dispositif ; ramener Wilchar à Breendonk, le camp d'internement allemand en Belgique où le poseur de bombes fut déporté pendant la dernière guerre, et confronter la mémoire d'un homme avec le lieu même où ça a eu lieu. Ça, ce point aveugle où n'en finit pas de buter le témoignage concentrationnaire (cf L'Espèce humaine de Robert Antelme).

Tant, s'il est impossible d'oublier ce qu'on a vu et subi, il est impossible aussi de dire l'innommable, impossible de raconter ce qui fut vraiment et qui brisa votre vie. Malgré quelques coups de zoom redondants - cette plaie des documentaires - et un symbolisme parfois balourd (le retour insistant de gouttes d'eau sur un écran noir - des larmes ?), Richard Olivier a eu le tact de s'effacer devant la force du personnage, sa révolte, son émotion et sa folle générosité.  

Christian Bréda 

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