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Ca m’est égal si demain n’arrive pas de Guillaume Malandrin

Publié le 01/10/2005 par Anne Feuillère / Catégorie: Critique
Ca m’est égal si demain n’arrive pas de Guillaume Malandrin

Le FIFF présentait, dans la section "Panorama", le premier long métrage de Guillaume Malandrin. Après plusieurs courts métrages dont le remarqué Raconte, l’un des producteurs de La Parti, alors qu'il prépare un long métrage avec en tête d’affiche la comédienne Cécile de France, l’allemand Ulrich Tukur, les belges Jacky Lambert et Bouli Lanners dont le tournage est prévu pour la rentrée prochaine, s’est lancé dans l’aventure d’un film léger, tourné en DV, sans budget, en 2 semaines et avec une équipe de huit personnes.

 

Écrit par Stéphane Malandrin, le réalisateur et l’acteur, Ça m’est égal a des airs de pari lancé et attrapé au vol, avec ses dialogue qui semblent improvisés et sa caméra réactive et légère. Si la seconde partie du film semble un peu s’essouffler, la première partie construit avec brio l'épaisseur un peu trouble de cet homme que le film suit pas à pas. Avec, par moment, des allures de Shadows ou de Mean Street, Ça m'est égal suit Jacky Lambert dans son blouson en cuir usé, traînant sa silhouette sous la lumière des réverbères. Il a parfois une vraie gueule de gangster avec son vieux sac en cuir plein de billets de banques et son passé mystérieux de prisonnier. A d’autres moments, sa silhouette légèrement dégingandée et sa voix posée donnent à son personnage l'allure solitaire d'un modeste rêveur, qui veut juste "emprunter" son fils à sa famille d'accueil pour l'emmener quelques jours en vacances. Il y arrive, et à force de bonnes coïncidences, retrouve entre temps Anne, la mère de l'enfant (interprétée par la comédienne Olga Grimberg, la fille du dramaturge et metteur en scène français), qu'il entraîne avec eux, dans son idéal d'une famille recomposée.

 

Grâce à des ellipses narratives qui taisent, ce qui parasiterait le récit, et rendent sa linéarité efficace et solide, Ça m'est égal se construit autour d'une trajectoire, d'un désir à la fois modeste et farouche, qui révèle une soif de liberté âpre et dure. Silencieux, minimaliste et droit, ce premier long métrage est donc un pari plutôt réussi autour d'un très beau personnage. Ce film a reçu une Mention Spéciale du Jury, au Festival de Montréal 2005 « Pour l'authenticité avec laquelle il a su camper des gens simples dont le non-dit est intensément habité.»

 

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