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Entrevue avec Marc-Olivier Picron

Publié le 01/10/2005 par Jean-Michel Vlaeminckx / Catégorie: Entrevue
Entrevue avec Marc-Olivier Picron

A notre rituelle question, Quel est le premier film qui vous a marqué ? Marc-Olivier Picron éclate de rire longuement. « West Side Story de Robert Wise et Jérôme Robbins.» A cause de la chorégraphie ou de Roméo et Juliette ?

« A cause de l’histoire d’amour. Quand Tony chante sous le balcon, Maria, Maria, Maria...  On a vu le film, en famille, dans le sud de la France. J’avais 6 ou 7 ans et j’étais impressionné autant par le film que par la salle. On se sent tout petit lorsqu’on voit un film pareil. C’était en 1977.» « Je me suis d’abord intéressé à la radio car mon père était chanteur. Léopold Gaëtan, mon cousin (voir Strass et J’adore le cinéma de Vincent Lanoo) et moi on s’amusait à faire des pubs radios. Mon père et ma mère se sont rencontrés au théâtre du Parc. Ils étaient tous les deux acteurs professionnels. Ils ont monté une troupe de Théâtre à Bonlez qui s’appelle Le Rideau de Bonlez. Ils ont commencé par mettre en scène des pièces de boulevard puis ont monté Harold Pinter, Dario Fo, Shakespeare. Mes sœurs jouaient aussi. J’adorais me planquer dans les coulisses pour les voir. L’excitation de la scène vient de là. J’ai essayé de combler cela en faisant du cinéma.»

 

Dans la famille, on pousse le jeune Marc-Olivier à faire du cinéma. Gamin, il ne se prive pas d’enregistrer son entourage avec une caméra « Fisher Price ». Avant d’entrer à l’IAD, il fait des vidéo 8 c’est-à-dire dans un format inmontable. Sa sœur qui était à La Cambre et faisait un stage en scénographie, lui demande de filmer des extraits de Fin de partie de Beckett. Ils passent quelques week-ends à peaufiner un film découpé mais qui s’avère ne pouvoir être monté. « Ma sœur a montré les rushes à La Cambre et les profs ont trouvé que c’était bien filmé. Le retour favorable a provoqué un déclic qui m’a poussé à passer les examens d’entrée de l’IAD. En première année j’ai réalisé Le Cauchemar d’Alice. Le principe étant de postsynchroniser le film. Un exercice mélangeant image et radio. A l’époque, on avait la liberté de tourner où l’on voulait avec les acteurs qu’on choisissait ». En seconde année, il réalise Qui a peur de Virginia Woolf ? puis, sous la direction de Manu Bonmariage, un documentaire sur le « Charly Weyns circus ». En dernière année, il réalise un documentaire de douze minutes : Le Gardien du temps, le portrait d’un horloger de Longueville qui avait mis une goutte de son sang dans l’un des balanciers d’un pendule afin de vivre éternellement. En 1997, il réalise Le Bouton rouge, film financé par son auteur dont nous vous avons parlés, « un beau petit délire », commente-t-il. Grâce à son travail à RTL/TVI, il fonde Abracadabra films avec Laurent Denis. Il réalise ensuite La Télévision (2001) avec Jacky Berroyer, à partir d’un scénario que Laurent Denis lui présente. «Une image m’a frappée dans le scénario, celle d’une télévision éteinte qui brusquement se rallume quand on s’approche.»

 

Le Retour, un court métrage de fiction, va passer sur ladeux/RTBF, le 29 octobre dans Tout Court, l’émission de Renaud Gilles. Nous parlons de la mise en abyme de l’image dans l’image qui l’intéresse peu. « Cela a déjà été fait. Ce qui m’intéresse, c’est la mise en abyme à partir de la fin du film. Mais il est difficile d’en parler. Après la descente dans la cave de Boris tout son passé resurgit en flash-backs sonores et visuels. Lorsque Pierre, le jeune réalisateur, descend avec sa lampe de poche, Boris trouve une caisse qui le convainc qu’il a bien vécu son enfance dans ce lieu, ce dont il se doute depuis le début et qui provoque ses craintes. Désormais, il a la certitude que sa vie a commencé là et risque de se terminer au même endroit. Tout se mélange dans sa tête. »

 

On arrête. Suite à l’écran, comme on dit. Ce film troublant, que nous vous présentons dans notre rubrique En Télé et qui a un an d’existence, « on en parle seulement maintenant ! »  s’étonne Marc-Olivier Picron. « L’an passé au Festival du court métrage, il n’a pas marché du tout. Et actuellement, il est sélectionné partout. Ce week-end (mi-septembre), il est programmé à trois festivals. Je pars en Italie demain pour recevoir le prix Cinematografia d’arte à Bergame.

 

Marc-Olivier vient d’achever Citoyen à part entière, un documentaire de 52’ sur les handicapés physiques qui, grâce à un stage de théâtre, essaient de se réinsérer dans la société. Tout récemment, il a terminé le making off de Un honnête commerçant de Philippe Blasband que l’on peut trouver dans les suppléments de l’édition en DVD qui sort ce mois-ci. Ce making off, dont il a fait la réalisation et le montage, s’appelle, non sans humour, Un honnête film. « Le film de Blasband est d’une qualité scénaristique remarquable. La construction dramatique est impeccable et la gestion des flash-backs est assez incroyable. Et comme dit le réalisateur, il fallait gérer beaucoup de contenus dans la mise en scène ».

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